Résumé de la 73e partie n Après avoir arrêté le comte et la comtesse de Bocarmé, le juge d'instruction Hughebaert se rend à Bruxelles pour procéder à des analyses chimiques. Dès que Stas a examiné les organes de Gustave et noté le goût et les odeurs qui s'en dégageaient, Stas exclut que la mort ait été causée par l'absorption de l'acide citrique ! — Alors, demande le juge d'instruction, comment expliquer ces brûlures sur la langue et l'estomac ? — Elles ont dû être causées par un autre produit. — Lequel ? — Nous le déterminerons avec les analyses chimiques. Le chimiste est tout de même intrigué. — Je ne comprends pas cette odeur de vinaigre… Heughebaert, lui, explique alors que le comte de Bocarmé a arrosé le corps de son beau-frère de vinaigre. — C'est sans doute pour supprimer les traces d'un poison ! Stas va se montrer très prudent dans ses analyses. Car il sait que la chaleur et l'air effacent les traces des alcaloïdes : ainsi, pour ne pas les détruire, il procède à des vaporisations et à des distillations. Stas prélève une partie de l'estomac et la soumet à plusieurs lavages. Puis il filtre, distille et de nouveau chauffe la solution. Celle-ci se transforme en un liquide brun teinté de rouge. Stas le fait évaporer : il prend alors l'aspect d'un sirop épais, dégageant une forte odeur de vinaigre. Le chimiste y introduit alors de l'hydrate de potassium. C'est alors qu'il sent une légère odeur d'urine de sa souris, qui est l'odeur caractéristique de la conicine, un poison extrait de la ciguë. C'était donc ce poison que le vinaigre était censé effacer. Mais ce résultat ne satisfait pas Stas. Il procède à d'autres analyses. Il va passer des jours et des nuits dans son laboratoire. Dans une expérience, il imbibe d'alcool un de ses échantillons, élimine l'alcool, filtre encore le produit, à plusieurs reprises et obtient une pâte gluante. Il y ajoute de la potasse caustique et observe la réaction : cette fois, l'odeur d'urine de souris est encore plus forte. Or, à l'époque, on ne connaissait que deux alcaloïdes qui dégagent cette odeur : la conicine et la nicotine. Le chimiste rend compte de sa découverte au juge d'instruction. — Un de ces produits a dû être utilisé. — Tous les deux entraînent la mort ? — Oui. — Même la nicotine. — Elle est encore plus violente que la conicine : on l'extrait du tabac, une dose de 50 mg peut tuer un homme en quelques minutes ! Le juge est perplexe. — Comment les Bocarmé ont pu se procurer ce produit ? — En distillant des feuilles de tabac ! Il ajoute : — Renseignez-vous auprès des domestiques du suspect. (à suivre...)