Résumé de la 74e partie n Le chimiste Stas découvre que le produit qui a causé la mort est un alcaloïde, soit de la conicine, soit de la nicotine. Stas continue ses analyses pour déterminer avec précision la nature du produit. Il ajoute, à la solution obtenue, de l'éther pur, il la secoue, et, quand l'éther se sépare du reste, il obtient, sur les parois du récipient, une couche de couleur brune qui dégage une forte odeur de tabac. L'hypothèse que le poison ingurgité est de la nicotine se confirme, mais il fallait le prouver. Stas procède à de nouvelles analyses. Il commence par goûter à la solution et ressent aussitôt une forte brûlure à la langue. La brûlure s'étend aussitôt à la bouche et persiste pendant quelques heures. Il répète cette opération à plusieurs reprises et ressent à chaque fois les mêmes effets. Dans une autre expérience, le chimiste prend des échantillons de l'estomac, des intestins et de la vessie et y ajoute de l'hydrate de potassium. La solution obtenue est mélangée à l'éther. Il la secoue fortement, ce qui produit une émulsion. Mais cette émulsion ne laisse pas échapper l'éther. Stas déduit alors que ce sont les restes de matière animale qui empêchent l'éther de sortir. Alors, il procède à plusieurs lavages, élimine la matière et l'éther peut enfin être dégagé. Ainsi, le procédé de Stas permet de déterminer, grâce à l'éther, et d'isoler un poison dans un corps. Il ne restait plus maintenant qu'à vérifier que l'odeur de tabac provient justement du tabac. Il procède à une autre expérience que les savants connaissent. Il met la solution au contact d'un morceau de verre trempé dans de l'acide chlorhydrique, et il obtient une dense vapeur blanche. Sous l'effet de l'acide citrique, elle devient une masse jaunâtre. Il refait une autre expérience : il prend de la nicotine et la soumet à divers agents chimiques et note la formation de dépôt ou de cristaux, avec changement de couleur, il prend ensuite des échantillons d'estomac de Gustave, refait l'expérience et obtient les mêmes résultats. Il n'y a plus de doute : Gustave a été empoisonné à la nicotine. Il prend le flacon contenant les échantillons d'estomac de Gustave et colle dessus une étiquette : «nicotine trouvée dans l'estomac de Gustave Fougnies». Il l'envoie au juge d'instruction Heughebaert, avec un mot, lui demandant de vérifier si le comte et la comtesse ont traité des feuilles de tabac. Le juge reçoit le colis et, aussitôt il se rend au château des Bocarmé. Il interroge le personnel du château. Les bonnes, très au courant des affaires du châtelain, sont longuement interrogées. — le comte et la comtesse ont-ils disposé de feuilles de tabac ? — pas à notre connaissance ! dit Emérence. Virginie réfléchit. — le cocher pourrait vous renseigner. La question est posée à Gilles, le cocher. — oui, j'ai convoyé une charge de tabac ! — est-ce qu'il a procédé à son traitement ? — il faudra interroger le jardinier. (à suivre...)