En combinaison verte frappée du sigle de Net-Com, un jeune traîne une charrette. Balai et grands sachets en plastique, il entreprend son «boulot» : déblayer des rues et ruelles bien précises des détritus et déchets qui les jonchent. Ici, à la rue Belkacem-Amani à Hydra, à quelques pas de l?ambassade de Suisse, des résidences huppées et bien entretenues, appartenant à des personnalités connues, se côtoient. Un coup de balai par-ci, un autre par-là et la ruelle est dégagée des mégots, des papiers et autres rejets qui rendent le paysage désagréable. Elle retrouve, à l?instar des autres lotissements chic d?Hydra, toute sa splendeur et son éclat. Ici, sur les hauteurs de la capitale, le camion de ramassage des ordures passe et repasse, une, deux et trois fois par jour. Le travail des agents qui rôdent n?est certainement pas pour passer inaperçu. Face à cette propreté et à cette netteté commandée, presque imposée, on ne peut que rester ébahi. Plus loin, la ruelle donnant sur la résidence des diplomates suédois est, elle aussi, bien entretenue. Comment ne le pourrait-elle pas du moment qu?elle regroupe des ambassades, des résidences de hauts cadres de l?Etat et des sièges d?entreprises nationales et des multinationales ? Lieux hautement surveillés, H 24 par les services de sécurité, la moindre bévue, une seule négligence de la part de ces agents coûterait, à coup sûr, un renvoi immédiat. D?ailleurs, une section de Net-Com occupe les anciens locaux de l?entreprise suédoise Skanska, société qui a construit l?ambassade, entièrement en béton armé. À la cité résidentielle DNC, les rues et les ruelles sont immaculées. Les sacs en plastique noir scellés sont bien disposés. Les espaces verts, entretenus, rendent cet endroit bien agréable et «clean». A l?intérieur et à l?extérieur, les éboueurs sillonnent les ruelles et les impasses à longueur de journée. Coins et recoins sont en permanence «visités». Ce n?est un secret pour personne : Hydra, «fief», lui aussi, de résidences étrangères, d?ambassades et d?institutions diplomatiques nationales et internationales, est privilégié. D?autres le sont tout autant, il s?agit de la rue Abou-Nouas, la Petite-Provence, la rue Cirta, ou, mieux, les résidences du Paradou, de la cité Djenane Malik ( siège de Sonatrach), et de la rue du Stade (Djamila) à proximité des terrains de tennis et à quelques pas du siège national du FLN. Les artères des villas du chemin du Réservoir à quelques encablures du consulat de France sont, elles aussi, nettoyées. «Les Algériens sont propres chez eux, mais sales dehors», lance cette femme habitant une somptueuse villa. Ici les propriétaires de «châteaux» sont organisés. Suivant les consignes de Net-Com à la lettre, ils déposent leurs ordures ménagères dans des sacs en plastique bien scellés devant leur portail. Les jardiniers ou les agents polyvalents employés par Net-Com ne trouvent ainsi aucun mal à effectuer le ramassage. La devanture de la villa restera «clean». Mais, là aussi, il y a une fausse note : des amas d?ordures, des sachets noirs troués, des débris de murs et de clôtures côtoient inlassablement des carcasses de voitures rouillées et d?appareils électroménagers. Cela se passe dans un marché de fruits et légumes et d?alimentation générale improvisé, à une cinquantaine de mètres de l?ambassade de Suisse?