Résumé de la 87e partie n Sheila accueille Tuppence devant l'entrée de sa chambre et l'informe de l'arrestation de Karl von Deinim... Elle s'agenouilla au pied du lit et fondit en larmes. Doucement, Tuppence caressa la sombre chevelure, puis murmura : — Peut-être... peut-être que ce n'est pas vrai. Peut-être qu'ils vont seulement l'interner. Après tout, son pays est en guerre avec le nôtre. — Ce n'est pas ce qu'ils ont dit. Ils sont en train de perquisitionner dans sa chambre. — Bon. Eh bien ! s'ils ne trouvent rien... — Bien sûr qu'ils ne trouveront rien ! Qu'est-ce qu'ils pourraient bien trouver ? — Je ne sais pas. Mais je pensais que vous, vous pourriez le savoir. — Moi ? La colère de Sheila, sa stupeur ne pouvaient être feintes. Tous les soupçons que Tuppence avait pu nourrir contre la jeune fille fondirent en cet instant. Sheila ne savait rien. Elle n'avait jamais rien su. Tuppence dit seulement : — S'il est innocent... — Qu'est-ce que ça peut y changer ? coupa Sheila. De toute façon, la police va monter un dossier d'accusation contre lui. — Ne dites pas de bêtises, la morigéna Tuppence. Votre supposition est grotesque. — La police anglaise fera ce qui lui plaît. C'est ce qu'affirme ma mère. — C'est peut-être ce qu'affirme votre mère. Mais elle se trompe. Je vous assure que les choses ne se passent pas comme ça. Sheila, dubitative, observa une pause. Puis elle finit par dire : — Très bien. C'est vous qui le dites. Je vous fais confiance. Tuppence ressentait un vif malaise. — Vous accordez trop facilement votre confiance, Sheila, répliqua-t-elle très sèche. Et vous avez peut-être eu tort de faire confiance à Karl. — Alors, vous aussi, vous êtes contre lui ? Moi qui croyais que vous l'aimiez bien ! Et il le croyait, lui aussi. Touchants jeunes gens, avec leur foi dans l'affection d'autrui. Et c'était ma foi vrai : elle avait éprouvé de la tendresse pour Karl. Et elle l'aimait encore bien. — Ecoutez, Sheila, lâcha-t-elle avec une sorte de lassitude, qu'on aime bien les gens ou pas n'a rien à voir avec les faits. Ce pays et l'Allemagne sont en guerre. Et il existe des tas de façons de servir sa patrie. L'une d'elles consiste à recueillir des renseignements... à travailler derrière les lignes. Cela demande du courage, parce que, quand on se fait prendre, c'est... (La voix de Tuppence se brisa :) C'est terminé. — Vous croyez que Karl... — Pouvait servir ainsi son pays ? Ça n'est pas impossible, non ? — Bien sûr que si, c'est impossible ! — Vous comprenez, il aurait pu arriver ici en se faisant passer pour un réfugié, jouer les antinazis fanatiques et rassembler des informations. — C'est faux, la contra calmement Sheila. Je connais son cœur et son âme. (à suivre...)