Mesure n Le ministère de la Solidarité nationale avait annoncé en 2005 la fermeture progressive, avant 2010, des centres d'accueil pour personnes âgées. En contrepartie, le ministère a prévu de verser une pension de 10 000 DA aux parents et aux proches de la personne âgée pour la prendre en charge au sein même de la famille. Cette décision n'a pas été sans susciter des interrogations. Et devant le silence observé sur cette question, le sentiment que cette décision ait été prise à la hâte et à contre-courant de la réalité sociale se renforce davantage. Est-ce une décision raisonnable ? Djamel Ould Abbès, le ministre de la solidarité, a-t-il réellement mesuré l'étendue d'une telle mesure et ses répercussions au double plan social et psychologique sur ces êtres vulnérables ? Si réellement c'était le cas, a-t-il prévu un endroit où mettre tous ces vieux qui seront ainsi appelés à plier bagage. Qui leur assurera un hypothétique logis qui les préservera et les protégera de tout ce qui peut mettre en péril leur vie, ou ce qu'il leur reste à vivre ? Au crépuscule de leur vie, nos vieux méritent-ils un tel sort ? Sous prétexte que ces centres de vieillesse véhiculeraient une mauvaise image, les pouvoirs publics prévoient donc de s'en débarrasser. Que dire à cette vieille femme qui déclarait à la télévision que ses enfants ne voulaient plus d'elle chez eux ? Que répondre à cette vieille – restée fière et digne malgré l'acharnement du sort par la faute d'un fils obéissant au doigt et à l'œil à sa femme – qui affirme n'avoir pas envie de retourner vivre chez son fils ; sa bru ne voulant plus d'elle «chez elle» ? Et même si cette vieille en pleurs, annonce, le cœur meurtri, ne plus vouloir terminer ses jours à la merci d'une belle-fille hargneuse et d'un enfant ingrat, mérite-t-elle pour autant qu'on lui impose une fin de vie faite d'humiliations ? En attendant des réponses à ces interrogations, quelle garantie y a-t-il que ces personnes âgées ne subissent plus de maltraitances ? Est-il moralement et éthiquement acceptable qu'un fils ou une fille daigne fournir logis et nourriture à sa propre mère ou à son propre père, monnayant une somme de 10 000 DA ? Il y a assurément une logique commerciale dans cette démarche du ministre dès lors qu'une prise en charge d'une seule personne âgée logée dans un centre d'accueil revient en moyenne à 20 000 DA, et que, parallèlement, la somme est réduite de moitié si d'aventure nos vieux arrivent enfin à trouver refuge chez leurs enfants. Mais a-t-on pris en compte les personnes âgées sans attache ? Il y a de quoi s'interroger s'il est vrai que l'Algérie envisage de porter une nouvelle attention aux personnes âgées. Si c'est le cas, pourquoi la loi sur cette catégorie n'est-elle donc toujours pas entrée en vigueur ? S'il est admis que nos vieux représenteront «bientôt» une large proportion de notre population, que comptent faire les pouvoirs publics pour y faire face et qu'est-il advenu de l'engagement du gouvernement de faire des personnes âgées «une priorité nationale» ?