Soulagement n La réouverture du jardin d'El-Hamma, considéré comme le poumon d'une capitale qui suffoque, est une bouffée d'oxygène pour les Algérois. Des dizaines de visiteurs s'impatientent en ce début d'après-midi de mai sous un soleil de plomb devant une espèce de guichet étriqué. Le préposé, derrière sa caisse, vend des tickets à une clientèle pas suffisamment informée sur les tarifs. «Combien dois-je payer pour moi et mes trois enfants ?», demande une femme d'une quarantaine d'années. Le guichetier, qui semble dépassé par la «nuée de mains», ne cesse de répéter : «60 DA pour les adultes et 30 pour les enfants». Mais combien de fois faut-il redire cette phrase qui devrait normalement être affichée ? A quelques mètres du guichet, de l'autre côté d'une route, des agents de sécurité organisent et gèrent une autre file d'attente plus compacte que la première. Après quarante minutes d'attente, on finit par accéder enfin au Jardin d'Essai d'El-Hamma. Il est 14h, les allées principales de ce microclimat situé à quelques kilomètres du centre de la capitale, sont noires de monde. Des centaines d'enfants, accompagnés de leurs parents, des couples et des jeunes éperdument éblouis par la beauté des lieux, déambulent tranquillement à l'ombre des arbres, centenaires pour la plupart. Fermé en 2004 pour des travaux de réhabilitation qui ont duré presque cinq ans, le jardin botanique d'El-Hamma, s'étendant sur une superficie de 32 ha et recelant des milliers d'espèces végétales et animales, a été rouvert au grand public au début de ce mois-ci. Sa réouverture, longtemps attendue, non seulement par les Algérois, mais aussi par tous les amoureux de la nature. Cette impatience s'est illustrée, en effet, par l'affluence extraordinaire enregistrée au lendemain de sa réouverture. Des milliers de visiteurs se sont bousculés ce jour-là pour découvrir pour les uns et redécouvrir pour les autres, ce lieu mythique. Les travailleurs et les agents chargés de veiller à la protection des lieux ont été impressionnés par le grand nombre de visiteurs. «Nous étions vraiment dépassés ! Des milliers de personnes grouillaient et affluaient de toutes parts», se souvient Amine, un agent qui veille en compagnie d'une dizaine de ses collègues, au respect des consignes environnementales dans les sous-bois. «Ne pas piétiner les sous-bois» ou «ne pas marchez sur les pelouses», peut-on lire sur de nombreux panonceaux fixés un peu partout. Un message clair à l'attention des visiteurs qui doivent se contenter exclusivement de la vue, de l'ouïe et de l'odorat et se passer du toucher. Ce dernier sens risque de porter atteinte à ce muséum naturel. Pour notre interlocuteur, si le jardin reçoit chaque jour le même nombre de visiteurs qu'au lendemain de son inauguration, «le jardin d'El-Hamma risque de se dégrader rapidement». Selon lui, la protection de ce microclimat, qui abrite environ 2 500 espèces végétales, exige des visiteurs le respect strict de ce milieu. Mais malheureusement ce n'est pas le cas ! Des familles n'hésitent pas à pique-niquer ici et là. Des jeunes et moins jeunes violent les limites de la promenade et escaladent les vieux arbres... Ils jettent par terre toutes sortes de détritus (bouteilles d'eau ou de jus, des mégots, des bouts de papiers…). Mais les agents de sécurité, munis de talkies-walkies et de sifflets, ne perdent de vue aucun coin et aucun geste malveillant. Ils sont nombreux à tenter d'imposer le respect de cet environnement et à assurer la quiétude des visiteurs.