Quelque 70.000 personnes transitent tous les ans par Agadez (Niger), dont 20% à destination de l'Algérie. L'insécurité qui règne au Niger a freiné le flux d'immigrés clandestins vers le Maghreb et l'Europe. Aux portes du grand désert nigérien, près de la Libye et de l'Algérie, la région d'Agadez est, depuis près de six mois, le théâtre d'affrontements entre l'armée et les rebelles touareg du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ). Ce conflit a porté un coup au secteur des transports à Agadez, incontournable point de transit depuis 20 ans pour des milliers de clandestins africains. Ces derniers, pour atteindre les côtes italiennes et espagnoles, passent par la Libye, l'Algérie et le Maroc. Notons que l'immigration clandestine est un sujet qui inquiète les Européens. Ces derniers veulent réduire les flux migratoires en provenance de l'Afrique subsaharienne et d'Afrique du Nord vers les côtes européennes. Selon une revue de presse faite par Fortress Europe, 7180 immigrés sont morts aux frontières de l'Europe depuis 1988, dont 2141 disparus en mer. Ainsi, 5091 migrants ont perdu la vie en mer Méditerranée. Dans le canal de Sicile, 1884 personnes sont mortes, entre la Libye, la Tunisie, Malte et l'Italie, dont 1099 disparus, et 33 autres ont perdu la vie le long des nouvelles routes entre l'Algérie et l'île de Sardaigne. Selon des statistiques policières, quelque 70.000 personnes transitent tous les ans par Agadez, 80% à destination de la Libye et 20% de l'Algérie. La lutte contre ce phénomène occupe, également, une place particulière dans les programmes de coopération entre l'Algérie et l'Union européenne. Dix millions d'euros ont été alloués à notre pays par le programme MEDA II pour moderniser la formation des officiers de la police aux frontières. L'Algérie expulse chaque année, 8000 immigrants clandestins venus, notamment des pays de la bande du Sahel, mais aussi de pays comme le Sénégal, le Bénin, le Cameroun, ou le Nigeria. Notre pays refoule le double aux postes de surveillance le long des 12 000 kilomètres qu'il partage avec la Mauritanie, le Niger, le Mali et la Libye. Des statistiques menées par les gardes-frontières algériens donnent ce chiffre effarant: au moins 35.000 immigrants clandestins ont été reconduits chez eux depuis l'année 2002. «Bouclier de l'Europe», l'Algérie l'est, et l'a longtemps été. Dernièrement, l'Algérie, la Tunisie et le Maroc ont été invités à participer aux patrouilles de l'Agence européenne de contrôle aux frontières (Frontex) pour combattre l'immigration clandestine. Cependant, le sauvetage des êtres humains naufragés en mer doit être la mission première du Frontex. Des opérations de contrôle sont menées avec des équipements appropriés, notamment des avions, bateaux et experts, ainsi qu'à travers les échanges d'informations. Frontex, qui ne dispose actuellement que d'une vingtaine de bateaux, devrait voir sa flotte atteindre 115 unités. Le nombre d'hélicoptères devrait passer lui aussi de 3 à 25, si les promesses des Etats membres sont tenues. La Commission européenne a prévu d'organiser, à l'automne prochain, des réunions de concertation avec les pays touchés par la problématique de l'immigration et spécialement avec la Libye. Selon des rapports officiels, près de 2 millions de migrants clandestins, venus notamment d'Afrique subsaharienne, séjournent en Libye. Ils attendent, en fait, une occasion pour monter dans des embarcations de fortune en direction de l'Europe, après avoir traversé la Méditerranée, au péril de leur vie.