Omar Brebesh, 62 ans, a été arrêté le 19 janvier par une milice originaire de Zenten et basée à Tripoli. Il est mort 24 heures plus tard, et selon les premiers résultats de l'autopsie, "des blessures multiples au corps et des côtes fracturées" font partie des causes du décès, explique HRW dans un communiqué. "Des photos de son corps, vues par Human Rights Watch, montrent des ecchymoses, des blessures et des ongles du pied qui semblent arrachés, indiquant qu'il a été torturé avant sa mort", insiste l'organisation basée à New York. Des milices formées d'anciens rebelles ou révolutionnaires qui avaient combattu le régime Kadhafi font l'objet de critiques grandissantes de la part d'organisation de défense des droits de l'homme, qui les accusent de torturer des prisonniers, pour la plupart des fidèles à l'ancien pouvoir. M. Brebesh a travaillé à l'ambassade de Libye à Paris entre 2004 et 2008 comme attaché culturel puis ambassadeur par intérim pendant quelques mois. En 2011, il a continué à travailler avec le ministère des affaires étrangères de Mouammar Kadhafi pendant la révolte, puis comme avocat au ministère sous le gouvernement transitoire après la chute du régime. Les fils de M. Brebesh ont expliqué qu'il s'était présenté volontairement pour une enquête de la milice à Tripoli. Le lendemain, la famille a été informée que son corps se trouvait dans un hôpital de Zenten, à une centaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale. Selon HRW, un rapport de la police judiciaire à Tripoli a conclu que M. Brebesh était mort sous la torture et indiqué qu'un suspect non identifié avait reconnu l'avoir tué. Une enquête judiciaire a par ailleurs été ouverte à Zenten. "La torture et le meurtre des détenus est malheureusement une activité qui se poursuit pour quelques milices libyennes", a dénoncé HRW. "L'état de droit, et la punition des crimes, s'appliquent à tous les Libyens, y compris à ceux qui ont combattu Mouammar Kadhafi". La semaine dernière, Amnesty International et Médecins sans frontières (MSF) ont dénoncé une pratique "généralisée" de la torture, parfois à mort, sur des détenus partisans présumés de l'ancien régime. Les autorités ont assuré jeudi qu'elles enquêteraient sur ces affaires. Les Nations unies ont aussi pointé du doigt les "brigades révolutionnaires" accusées de détenir des milliers de personnes dans des prisons secrètes. Selon les ONG, la Libye compte environ 8.500 détenus dans une soixantaine de prisons gérées en majorité par les milices.