En Algérie, la violence sexuelle à l'égard des enfants est «très mal maîtrisée» à cause de son aspect tabou, qui empêche de dévoiler les différents incidents commis dans ce cadre. De plus, l'une des grandes difficultés tient à ce que le droit ne protège pas suffisamment l'enfant contre une nouvelle agression de l'abuseur, qui est habituellement remis en liberté alors que l'affaire est en cours d'instruction. C'est l'une des conclusions du Profil national élaboré par le réseau Nada (Réseau algérien pour la protection et la sauvegarde des droits des enfants) et présenté, hier, à l'hôtel Hilton. En présence de M. Arar Abderrahmane, président du réseau Nada, ainsi que d'un représentant de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (Cncppdh) et de membres de la société civile, l'occasion fut donnée de présenter les grandes lignes de ce projet prometteur concernant la situation des enfants en Algérie, conçu à partir des recoupements et des observations des associations de la société civile. Le rapport est, selon ses concepteurs, susceptible d'être enrichi afin qu'il serve de catalyseur pour une meilleure prise en charge des droits de l'enfant (droit à la vie, droit social, droit à l'éducation, à la sécurité...). Même si le réseau estime que des progrès non négligeables ont été entrepris par l'Algérie en matière de protection et d'épanouissement de l'enfance, il soutient néanmoins que des améliorations sont susceptibles d'être apportées, notamment au cadre juridique. À cet effet, M. Arar a appelé le gouvernement à hâter la promulgation du code du droit de l'enfant qui «moisit» depuis près de dix ans dans les tiroirs du ministère de la Justice. Le président du réseau Nada a indiqué que l'Algérie ne peut plus continuer à travailler avec la loi de 1972, devenue «obsolète». Des membres de la société civile ont appelé, pour leur part, à la révision «de A à Z» dudit code, et même du projet de code, conçu depuis 8 ans, qui s'apparente «davantage à un code pénal». Le comité recommande que des mesures soient prises d'urgence pour mettre en place un cadre juridique spécifique visant à protéger les enfants de la traite aux fins de leur exploitation sexuelle, collecter des données sur la traite et l'exploitation sexuelle des enfants et veiller à ce que l'ensemble des données et des indicateurs soient utilisés pour la formulation, le suivi et l'évaluation des politiques, programmes et projets. Le réseau Nada a dû surmonter plusieurs contraintes et défis dans l'élaboration de son rapport. Outre le manque d'informations ou de données statistiques à jour, les tabous et les facteurs culturels empêchent parfois les partenaires et les répondants d'obtenir des données fiables et précises; les problèmes relevant du non-dit sont peu signalés et donc non traités.