Pour ses membres, le traitement de cette gigantesque affaire de corruption, risque de ressembler à celui réservé à l'autre escroquerie nommée Khalifa. Dans cette dernière, plusieurs accusés de seconde zone ont payé pour de hauts responsables entre ministres, directeurs généraux et autres figures dites du syndicalisme officiel. «Avec une justice dépendante, on se dirige vers un Khalifa bis», déclare Feddal Halim de l'Anlc au cours d'un point de presse tenu au siège de la Laddh. L'association en question n'attend pas vraiment grand-chose de la part de la justice. La raison est toute simple. «Sans une indépendance de la justice, la lutte contre la corruption est un vain mot», tranche Abdelmoumène Khelil, secrétaire général de l'association. Pour son adjoint, Feddal Halim, «il n'y aura pas de jugement. L'affaire ne va pas aboutir. C'est une guerre entre clans qu'ils ont l'habitude de gérer». Et de s'interroger sur l'exercice muselé du magistrat. «Comment voulez-vous qu'un magistrat soumis à trois enquêtes puisse accomplir librement son travail ?», s'est-il interrogé. Les trois enquêtes en question sont menées par la police, la gendarmerie et le DRS (Département de Renseignement et de Sécurité). A propos de la réaction du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, suite au scandale Sonatrach, le président de l'association, M. Mustapha Atoui, estime qu'il s'agit plutôt «de la poudre aux yeux». Ce dernier déclare qu'il est attendu de voir «le président de la République instruire le ministre de la Justice qui instruira à son tour le procureur général pour l'ouverture d'une enquête officielle» afin de déterminer tous les coupables dans la corruption. «La dénonciation ne suffit pas ; il faut des mesures pratiques», a-t-il insisté. Il précisera à ce propos que la lutte contre la corruption ne peut pas être réduite à ce qui se dit autour de Sonatrach. Car, expliquera-t-il, «la corruption et les détournements ne sont pas l'apanage du groupe pétrolier. Raison pour Abdelmoumène Khelil de souligner, qu'il a fallu que le scandale soit révélé à l'étranger pour que cela fasse du bruit en Algérie». Et de s'interroger par la suite : «Pourquoi ces ministres et anciens responsables cités partout ne parlent pas et ne réagissent pas ?» Nommant Chakib Khellil et Mohamed Bedjaoui, l'intervenant qualifie une telle attitude «de mépris à l'égard des Algériens». En définitive, le traitement du scandale Sonatrach est parti pour ressembler aux précédents. A moins que la justice, à laquelle Bouteflika fait confiance, s'extirpe de son triste fonctionnement et se met à plaider librement et loin de toutes injonctions. A. Y. L'Anlc dénonce un refus d'agrément A l'ordre du jour de la rencontre organisée par l'association nationale de lutte contre la corruption figurait aussi le point lié au refus d'agréer ladite association. Pour ses membres, les autorités sont en parfaite violation de la Constitution, qui autorise la création d'associations. «Nous demandons à la justice d'annuler la décision illégale du ministère de l'Intérieur», déclare Mustapha Atoui, président de l'Anlc qui note que «les autorités ne respectent pas les textes qu'elles ont adoptés». Il fera savoir par ailleurs que les recours envoyés aux services concernés n'ont pas eu de réponses. A. Y.