Une conférence arabe sur le rôle des institutions financières et bancaires en matière de blanchiment d'argent s'est tenue à Tunis du 19 au 23 août courant. L'importance de cette rencontre, initiée par l'Organisation arabe de développement administratif, qui fait partie de la Ligue des Etats arabes, tient essentiellement au fait que le sujet suscite d'âpres débats à l'échelle mondiale quant aux moyens de lutter contre ce que certains spécialistes considèrent comme un fléau. C'est dans doute pour cette raison que les organisateurs de la conférence de Tunis ont inscrit à l'ordre du jour deux ateliers précis sur ce phénomène à même de permettre, à défaut de l'éradiquer, de réduire sa nuisance. Le premier atelier porte sur ''le concept et les origines du blanchiment d'argent et les moyens de le circonscrire aux plans international et arabe'', alors que le second a trait aux "fondements et moyens de lutter contre la corruption et le blanchiment d'argent''. Aussi, plusieurs spécialistes et experts de la question du blanchiment d'argent, ont présenté des exposés en la matière. C'est le cas par exemple des résultats d'une enquête présentée par le chef de cabinet du ministre tunisien des Domaines de l'Etat et des Affaires foncières, M. Fethi Soukri, sur les moyens propres à lutter contre la corruption administrative. Il a notamment focalisé son intervention non seulement sur le concept, les types de corruption administrative et ses origines ainsi que les moyens de le circonscrire, mais rappelé la convention de l'Organisation des Nations unies (ONU) sur la lutte contre le blanchiment d'argent et la corruption, ratifiée il y a quatre ans, en 2003. Il serait utile de noter dans ce contexte qu'une récente enquête de Tracfin (Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins), indique que les banques arrivent en tête, assurant plus de 80 % des 12 047 dénonciations auprès de Tracfin. Au plan international, le Gafi (Groupement d'action financière), regroupant les organismes antiblanchiment des pays de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), dont Tracfin fait partie, a annoncé que sa liste des pays dits "non coopératifs", ne faisant pas preuve d'un minimum de vigilence, est désormais vide. Après Nauru (îles du Pacifique) et le Nigeria, la Birmanie a été sortie en 2006 de cette liste initialement destinée à être infamante. Tous les pays de la planète sont désormais censés coopérer et faire assaut de diligence pour combattre l'hydre du blanchiment. Mêmes les innombrables paradis fiscaux des Antilles se sont constitués en Gafi des Caraïbes… Le Gafi d'origine, celui des Occidentaux, est réduit à distinguer les pays qui appliquent "insuffisamment" les recommandations générales, sans aucun risque de sanctions.