L'écueil du stress hydrique qui plane sur le pays depuis plusieurs décennies s'est encore une fois manifesté. Le déficit en pluviométrie a en effet affecté cette année la production céréalière dans cinq wilayas de l'est du pays et non des moindres, car la céréaliculture y est prépondérante. A Guelma, Souk Ahras, Oum El Bouaghi, Batna et Khenchela c'est le même état des lieux : les récoltes ont mis dans le désarroi les céréaliculteurs de ces wilayas. Mais ce sont ceux de la wilaya d'Oum El Bouaghi qui sont le plus à plaindre car la campagne moisson-battage de cette année s'est soldée par de très piètres résultats. Qu'on en juge: cette dernière qui nous a habitués, notamment ces cinq dernières années, à donner des niveaux de récoltes appréciables voire même des records dans le rendement à l'hectare s'est retrouvée avec une moisson 2013 des plus insignifiantes. Et pour preuve, la production céréalière est passée de 2,5 millions de quintaux, lors de la campagne agricole 2011-2012, à 300 000 quintaux au terme de la dernière récolte. Une telle chute de la production ne peut laisser indifférent surtout quand on sait que des milliers d'hectares ont été emblavés pour d'aussi maigres résultats. Et pourtant toutes les conditions étaient réunies pour ce qui concerne la disponibilité des semences et des engrais afin de réussir une bonne campagne si ce n'est le facteur pluviométrie qui n'a pas été au rendez-vous, particulièrement au moment de la maturation des pousses de blé, c'est-à-dire au printemps. Un paramètre qui n'échappe plus à personne mais qui semble ne pas être pris au sérieux par un nombre important pour ne pas dire une majorité de céréaliculteurs. Cela est d'autant plus regrettable dans la mesure où devant le phénomène récurent de la faiblesse de la pluviométrie les responsables de l'agriculture algérienne ont depuis quelques années lancer plusieurs programmes de développement d'irrigation d'appoint mais qui n'a jusqu' à présent pas connu d'engouement auprès des premiers concernés c'est-à-dire les agriculteurs, dont le type de culture a besoin d'un apport régulier et constant d'eau. Ce que permet l'irrigation d'appoint. Cela est d'autant plus regrettable quand on sait que pour encourager et vulgariser l'usage de l'irrigation d'appoint le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a mis en place, depuis quatre ans, tout un dispositif de soutien, par le biais du Fonds national de développement de l'investissement agricole (Fndia) pour la promotion de l'irrigation d'appoint. Le financement accordé aux exploitations agricoles désireuses de se lancer dans l'irrigation d'appoint est situé à hauteur de 60% du coût des équipements d'irrigation acquis, contre 50% pour les agriculteurs qui exercent à titre individuel. Malgré cet accompagnement financier des agriculteurs restent encore sceptiques. Et ce qui les poussent à tourner le dos à cette technique c'est l'éventualité de se trouver dans le cas de figure suivant: de ne pas pouvoir disposer de l'eau en quantité voulue et de façon permanente. Une appréhension tout à fait légitime. Mais le ministère de tutelle à maintes fois tenu à rassurer ces derniers que la dotation en eau du secteur de l'agriculture va s'améliorer de plus en plus. Et d'arguer dans ce sens que d'importants volumes seront dorénavant mis à la disposition des agriculteurs. Cela se fera selon le ministère grâce à un apport conséquent et régulier venant des ressources non conventionnelles telles la réutilisation des eaux épurées ou le dessalement de l'eau de mer. A propos de l'utilisation des eaux épurées, il est utile de souligner qu'un ambitieux programme a été décidé conjointement par les ministères de l'Agriculture et celui des Ressources en eau. Ce programme va consister à irriguer une superficie pilote estimée à environ 45 000 hectares englobant les wilayas de Tlemcen (1 500 ha) , Oran (350 ha) , Boumerdès (350 ha), Bordj Bou Arréridj (250 ha), Sétif (800 ha) , Constantine (600 ha), Mascara (300 ha) et Ouargla (800 ha) . De plus le ministère de l'Agriculture compte élargir le programme cité ci-dessus à une superficie de 200 000 hectares avec l'utilisation de 1,2 milliard m3 à l'horizon 2020, qui seront produit par 40 nouvelles stations inscrites dans le programme quinquennal de développement 2010-2014. C'est pour dire enfin que l'apport saisonnier de si importants volumes d'eau, dans un futur proche, destinés exclusivement au secteur de l'agriculture va permettre de surmonter l'écueil du stress hydrique et du coup voir notre production céréalière augmenter sensiblement ce qui va nous mettre à l'abri des fortes fluctuations des prix des céréales sur les marchés mondiaux. C'est là tout l'enjeu futur. Z. A.