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La cinquième corde, une symphonie millénaire
Programmé à l'ouverture du premier Festival culturel maghrébin du ciné
Publié dans La Tribune le 04 - 11 - 2013

C'est par La cinquième corde, long métrage marocain de Selma Barghach, que s'est ouverte, dimanche soir à la salle El Mouggar d'Alger, la première édition du Festival culturel maghrébin. Produit en 2011, ce film a déjà remporté le Prix du jury à la 14e édition du Festival du cinéma africain à Khouribga, en juillet de la même année. La cinquième corde réussit le pari de transporter le public par le biais d'une fiction haute en couleurs réunissant savamment musique, paysage et sensationnel. En dépit de ses 98 minutes, le film est un pur moment de plaisir pour les mélomanes surtout les épris du luth.
La cinquième corde, fiction musicale, retrace le parcours d'ascension musical de Malek, brillamment interprété par le jeune comédien tunisien Ali Esmili, un jeune luthiste passionné, voulant créer sa propre musique. La symphonie que lui inspirait la nature qui le happait.
Son parcours n'est pourtant pas un long fleuve tranquille. Semé d'embûches, il a passé son temps à faire face à ceux qui n'avaient pas les mêmes conceptions que lui. D'abord sa propre mère, interprétée par Khouloud Betioui, viscéralement opposée à ce que son fils emprunte ce chemin de la vie. Ensuite l'intriguant personnage paradoxal qu'est son oncle Amir. Autoritaire et dénué de la moindre pitié pour son neveu, Amir est magistralement interprété par Hichem Rostom. Grand luthiste lui-même et propriétaire d'une académie musicale, il veut laisser un héritage à son neveu. Pour cela, il tente de lui apprendre les subtilités du luth et lui promet de lui révéler le secret de la cinquième corde. Celle qui a permis au grand maître de la musique arabo-andalouse Ziryab du IXe siècle de continuer à briller éternellement.
L'oncle aux allures sévères et intransigeantes, se rend très vite compte de l'audace de son neveu mais aussi de son talent. Conflit de génération, confrontation des méthodes d'apprentissage, fierté des uns et des autres, une histoire d'amour sacrifiée, Selma Barghach a réussi à mettre sur pied un film sensible où la musique tient une place centrale.
Un film, qui certainement au-delà de la nationalité de sa réalisatrice réussit à transmettre un beau message. La musique est un langage universel qui permet de réunir les peuples, les cultures et les êtres. Une thématique qui touche une dimension culturelle et artistique de l'être humain, mais aussi par le périple chaotique d'un homme pour arriver à vivre sa passion et son désir de création.
Le film, cependant, pose un ensemble de questions auxquelles Barghach n'a pas cherché à donner des réponses. L'équipe qui a réalisé La cinquième corde a su utiliser des espaces dans lesquels il a été tourné, que ce soit au niveau des décors à l'intérieur ou en plein air. D'Essaouira à Tanger, le spectateur aura le loisir d'avoir un riche panorama de paysages où l'impeccable jeu de lumière ne peut être occulté. Le montage du film est fluide, notamment au niveau des raccords, dont la musique signée par l'Algérien Safy Boutella a joué un rôle principal. Premier long métrage de la cinéaste marocaine qui en a également écrit le scénario, La cinquième corde, répercute sur le grand écran une nouvelle vision sur une culture arabo-andalouse enracinée au Maroc depuis des millénaires. Le film prend fin sur une note d'espoir.
Les prémices d'un nouveau souffle de musique. Dans le film de Selma Barghach le cinéma traite la musique impeccablement. Avec une musique algérienne, un comédien tunisien et une réalisatrice marocaine, La cinquième corde de Selma Barghach, abolit à lui seul les distances qui se sont creusées entre les trois pays du Maghreb.
Indéniablement, ce long métrage est une plus value pour le 7e art marocain en
particulier et maghrébin en général.
G. H.
Le premier Festival culturel maghrébin du cinéma d'Alger verra la projection de 15 courts métrages, 11 longs métrages et 9 films documentaires représentant outre l'Algérie avec 11 productions, la Tunisie et le Maroc avec 10 productions chacun et la Mauritanie avec 4 productions. Le déroulement du festival, réparti entre deux salles, connaitra quotidiennement la projection de quatre courts métrages et deux à trois longs métrages à la salle El Mouggar et une moyenne de deux documentaires par jour à la cinémathèque d'Alger où il est également prévu d'organiser tous les débats qui concernent l'ensemble des projections. Les jurys des trois sections, composés d'universitaires et professionnels du cinéma au Maghreb seront présidés par Lamine Merbah pour le long métrage, Rabah Laradji pour le court métrage et Fadéla Mehal pour le film documentaire. Dans la section longs métrages, l'Amayas d'or, plus haute distinction du festival, sera décerné à la meilleure fiction, ainsi que quatre autres prix qui récompenseront les meilleurs rôles masculin et féminin, le meilleur scénario et le prix spécial jury.
Les sections courts métrages et films documentaires seront quant à elles couronnées d'une seule distinction chacune, respectivement, l'Amayas d'or et le Grand prix du documentaire. Par ailleurs, une conférence sur le thème de la post-production et la numérisation des films est programmée en marge du festival.


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