Endossée par le conseil de gouvernement en 2007, la stratégie nationale d'alphabétisation n'a pu réaliser les résultats escomptés. C'est en tout cas le constat unanime que l'ensemble des acteurs engagés dans la lutte contre l'analphabétisme en Algérie ont dressé à l'occasion de la Journée arabe d'alphabétisation, célébrée le 8 janvier de chaque année. Le manque flagrant en postes budgétaires destinés aux formateurs et aux enseignants censés accompagner la stratégie nationale de lutte contre l'analphabétisme et l'enseignement des adultes demeure, malheureusement, toujours d'actualité. Et même si le ministère de l'Education se targue de l'alphabétisation de 434 718 personnes, dont 212 998 femmes, en 2008, de nombreux observateurs avertis n'hésitent pas à accabler le gouvernement pour les défaillances de sa stratégie de lutte contre le fléau de l'illettrisme. Il faut savoir à ce propos que, jusqu'à aujourd'hui, un manque criant d'infrastructures est à déplorer. En réalité, rares sont encore dans notre pays les écoles et les centres de formation dispensant des cours du soir au profit de personnes analphabètes. Seules des associations spécialisées et des bénévoles occupent le terrain et tendent leur main aux 6,4 millions d'analphabètes que compte l'Algérie. Sur un autre registre, le «taux important» de la déperdition scolaire inquiète de plus en plus les spécialistes qui appellent les autorités à organiser des sessions de formation en partenariat avec des entreprises privées et publiques au profit des jeunes victimes de ce phénomène, et de contribuer ainsi à leur insertion socioprofessionnelle. «L'analphabétisme est bel et bien un phénomène structurel installé dans la durée tant que la scolarisation universelle n'est pas atteinte et que les déperditions scolaires précoces ne sont pas jugulées», souligne-t-on à ce propos. Il est à signaler encore à ce sujet que, selon plusieurs enquêtes réalisées il y a peu, les mesures de soutien à la scolarisation en Algérie sont le plus souvent défaillantes. L'absence de contrôle concernant l'obligation de scolarité par le secteur de l'éducation a été largement relevée au niveau des services de police, de la gendarmerie et des collectivités locales. Dans ce sens, des experts préconisent de transmettre des prérogatives à toutes ces parties afin qu'elles obligent les parents à scolariser leurs enfants. D'autre part, les organismes employeurs, qui sont tenus par l'obligation d'alphabétiser leurs travailleurs illettrés, ne respectent toujours pas leur part du contrat. Il s'avère indispensable donc, à la lumière de toutes ces données, de revoir les mécanismes du plan d'action mis en place par le gouvernement. Faute de quoi, l'objectif affiché de réduire le taux d'analphabétisme de 50% à l'horizon 2017 risque bel et bien de passer pour une pure utopie. A. S.