Un décret présidentiel et quatre exécutifs relatifs à la nouvelle stratégie de lutte contre l'analphabétisme seront rendus publics avant cet été. Le premier décret instituera expressément l'obligation de contribuer à l'alphabétisation pour toutes les parties concernées. Il est également prévu l'ouverture d'une chaîne thématique du savoir destinée à cette catégorie de personnes. Elle émettra au plus tard dans quatre mois. Ces nouvelles mesures ont été annoncées hier par Boubekeur Benbouzid, ministre de l'Education nationale, à l'ouverture des travaux des journées d'études portant sur la mise en œuvre de la stratégie nationale d'alphabétisation adoptée par le gouvernement le 23 janvier dernier et à la mise en place du programme d'application pour 2007-2008. L'Etat a consacré 50 milliards de dinars à la mise en œuvre de cette stratégie pour les dix prochaines années. Une stratégie axée sur le principe de l'élargissement de la responsabilité de la lutte contre l'analphabétisme pour l'étendre aux différents secteurs étatiques concernés et à la société civile, ainsi que sur la généralisation de l'accès aux structures d'accueil publiques chargées des activités d'alphabétisation. Actuellement, la proportion des analphabètes en Algérie représente le cinquième de la population de référence. Les personnes âgées de plus de 70 ans sont les plus nombreuses, suivies en deuxième lieu par la gent féminine, et enfin 5% des analphabètes ont moins de 15 ans. Le ministre admet que l'Algérie a mené depuis 1963, date de lancement de la première campagne d'alphabétisation, plusieurs expériences et réalisé plusieurs projets importants. Cependant, en dépit des efforts déployés, les résultats demeurent en deçà des objectifs fixés, ce qui explique l'augmentation de la masse globale des analphabètes qui s'élève, selon les prévisions de l'Office national des statistiques (ONS) pour l'année 2005, à 6 400 000 analphabètes, soit un taux de 21%. « Le plan mis en place accordera un intérêt tout particulier aux catégories les plus touchées par l'analphabétisme que sont les femmes et les populations rurales, outre les handicapés, les détenus et les nomades », a expliqué le représentant du gouvernement tout en précisant que 28 wilayas où le taux d'analphabétisme excède la moyenne nationale sont concernées par les activités d'alphabétisation, notamment dix wilayas, entre autres Relizane, Tiaret, Tamanrasset, Médéa, avec un taux d'analphabétisme de plus de 40%. Alger enregistre un taux de 17%. L'objectif majeur de l'Etat à travers l'application de la stratégie est l'éradication de l'analphabétisme à l'horizon 2015, ambition somme toute réaliste et réalisable, selon M. Benbouzid, vu les moyens importants dont dispose l'Algérie. Le premier niveau des objectifs de cette stratégie, qui a permis de faire disparaître l'écart entre la cadence lente de diminution de l'analphabétisme et la cadence rapide de son expansion, consiste à réduire de 50% le nombre actuel des analphabètes, soit alphabétiser 3 200 000 analphabètes d'ici 2012, fera remarquer le ministre, avant d'ajouter que cet objectif s'inscrit dans le cadre des objectifs de la décennie de l'ONU pour l'alphabétisation. Les activités d'alphabétisation visent l'ensemble des analphabètes tout en accordant la priorité à la catégorie des personnes âgées entre 15 et 49 ans, plus éligible à intégrer le milieu socioprofessionnel. Concernant l'organisation des activités d'alphabétisation, M. Benbouzid a souligné que la durée du programme d'alphabétisation est de 18 mois, étalée sur deux années, avec un volume horaire hebdomadaire de 9h pour le premier niveau et de 12h pour les deuxième et troisième niveaux. D'ici 2015, il est prévu le recrutement de 337 000 enseignants. Durant la période 2007-2008, 19 000 enseignants seront recrutés pour prodiguer des cours aux personnes analphabètes, et durant 2008-2009, il est prévu le recrutement de 28 000 enseignants au titre de contrats à durée déterminée. Ces enseignants bénéficieront au préalable d'une formation adéquate. Sur un autre registre, le ministre a soutenu qu'une enveloppe financière de 150 millions de centimes a été débloquée pour la formation des formateurs des différents cycles. Le ministre qualifie d'« aberrantes les revendications des enseignants qui cherchent des formules insensées ».