Les marchés pétroliers n'ont finalement pas réagi à l'accord conclu avec l'Iran. Pourtant, et depuis des mois, le nucléaire iranien constituait un facteur de tension sur les cours de l'or noir, ainsi que l'explique Francis Perrin, directeur de la revue Le pétrole et le gaz arabes, cité par des médias. A priori, l'accord ne devrait pas produire des conséquences qui bouleversent les marchés, dans le court terme, car il ne prévoit pas de lever l'embargo pétrolier. Il y aura de l'effet sur le prix du brut, si un accord définitif est trouvé dans six mois. «Tout juste prévoit-il de ne pas aggraver les sanctions», relève Francis Perrin. L'accord devrait en revanche «ranimer» les exportations pétrolières iraniennes, qui pourraient remonter de quelques centaines de milliers de barils par jour, parce qu'il lève l'interdiction de contracter une assurance pour les cargaisons en partance d'Iran. C'est surtout à moyen terme que l'accord dont il est question pourrait avoir des répercussions sur les marchés. L'on sait que «l'Iran dispose de réserves prouvées et accessibles absolument considérables», rappelle Denis Florin, associé chez Lavoisier Conseil. Et selon BP, le pays dispose des premières réserves mondiales de gaz (33 600 milliards de mètres cubes) et se situe au quatrième rang pour le pétrole (157 milliards de barils), c'est un énorme potentiel que l'Iran n'a pu développer, ces deux dernières années en raison de l'embargo qui lui a été imposé par les Etats-Unis et l'Union européenne (UE). Si l'embargo était levé, l'Iran se replace dans un nouveau contexte et pourrait reprendre ses exportations, mais pas au-delà d'un certain seuil, le pays étant membre de l'Opep, donc soumis à des quotas d'exportation. Cet embargo a privé les marchés de l'offre pétrolière iranienne, mais sans incidence majeure sur les prix de l'or noir, l'Arabie saoudite et ses alliés parmi les pays du Golfe pompant à plein régime pour suppléer au pétrole iranien et, du coup, faire évoluer les cours dans une bande fluctuante raisonnable à leur yeux. Et on l'a vu, le brut iranien, mis sous embargo, n'a pas fait augmenter les prix. Mais, maintenant qu'un accord ait été trouvé, y aurait-il baisse des cours ? Pour Jean-Marc Sylvestre, consultant en économie, cet accord, qualifié d'historique, le pétrole ne baissera pas pour une raison très simple : «Les Américains, qui ont mené la négociation et voulu cet accord, ne veulent pas d'une baisse immédiate des prix du pétrole.» Par conséquent, ajoute-il, la levée de l'embargo sur les exportations de pétrole ne sera pas effective dans l'immédiat. Pas avant un an, si tout va bien sur le plan diplomatique. Ensuite, quand l'embargo sera levé, l'Iran ne déversera pas pour autant des tonnes de pétrole en inondant le marché mondial, tout simplement parce que l'Iran appartient à l'Opep et que l'Opep impose des quotas. Le consultant explique qu'il faut que les compagnies internationales se préparent à investir. Mais qui va investir, connaissant les acteurs en présence dans l'industrie pétrolière et sur le terrain diplomatique ? En fait, ce sont les Etats-Unis qui fixent le tempo, note Jean-Marc Sylvestre. Et de détailler : l'Amérique va tout faire pour freiner et retarder la baisse des prix du pétrole. L'Amérique n'a aucun intérêt à libérer le secteur pétrolier iranien. Plus le pétrole est cher au niveau international, plus cela rend service à l'Arabie saoudite, son allié dans la région du Moyen-Orient, et plus cela pénalise les pays importateurs de pétrole, notamment d'Europe et d'Asie. Y. S. L'Iran appelle à la relance du commerce interrégional L'Iran veut relancer le commerce régional avec ses partenaires d'Asie et d'Eurasie au sein de l'Organisation de la coopération économique (ECO) dont la faiblesse actuelle est «indéfendable», a affirmé, hier, le président iranien Hassan Rohani. «Avec le début d'une troisième décennie de coopération, l'ECO doit entreprendre des réformes», a déclaré M. Rohani, cité par l'agence officielle Irna, à l'ouverture d'une réunion ministérielle de l'ECO à Téhéran. «En 2012, le volume d'échanges des membres (de l'ECO) avec le monde atteignait 817 milliards de dollars, dont seulement 10% soit 83 milliards provenait du commerce interrégional», a regretté M. Rohani, estimant que ce volume très faible était «absolument indéfendable». «Les pays-membres n'ont absorbé que 41 milliards de dollars sur un total de 1,5 million de milliards d'investissement étranger en 2011», a-t-il ajouté. L'ECO a été fondée en 1985 par l'Iran, la Turquie et le Pakistan. Il comprend actuellement sept autres pays de la région : l'Afghanistan, l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Kirghizstan, l'Ouzbékistan, le Turkménistan et le Tadjikistan.