Le cours du Brent de la mer du Nord, qui s'échange déjà pour livraison en juin, a franchi pour la première fois hier le seuil de 72 dollars le baril. Il a gagné jusqu'à 74 cents, à 72,20 dollars, un record historique. Ajustés à l'inflation, les prix du pétrole restent toutefois bien en dessous des 80 dollars atteints après la révolution iranienne de 1979. Vers 10h45 GMT, ils progressaient de 42 cents à 71,88 USD à Londres. “Les gens demeurent inquiets sur l'Iran et une intervention militaire dans ce pays, qui pourrait éventuellement fermer le Golfe au transport maritime (du pétrole) — le pire des scénarios — ou conduire à une réduction de la production iranienne”, explique Simon Wardell, analyste au centre de recherche Global Insight. “Si le pire des scénarios se produisait en Iran, les prix du pétrole pourraient monter exceptionnellement haut”, prévient-il. “En cas de fermeture du Golfe au transport maritime, on pourrait voir les prix grimper à 150 dollars et probablement plus haut.” D'après cet analyste, les prix sont pour l'heure “engagés dans une course vers 75 dollars”. Le marché craint qu'en cas d'attaque militaire, l'Iran réplique notamment en coupant ses exportations de pétrole et en bloquant le détroit d'Ormuz, passage stratégique pour le trafic pétrolier. “Le seuil des 80 dollars le baril du pétrole serait probable cette année”, estime le directeur de la rédaction de la revue spécialisée Pétrole et Gaz arabes, Francis Perrin. C'est toujours très difficile de prévoir l'évolution du cours du pétrole tant les facteurs qui déterminent ce prix sont nombreux : économiques, géostratégiques, psychologiques. “Le baril a déjà pris dix dollars en quelques semaines. C'est une hausse brutale. Mais le seuil des 80 dollars dès cette année me paraît tout à fait probable”, prévoit M. Francis Perrin dans un entretien au quotidien Le Parisien de mardi. L'Iran est le quatrième producteur mondial de brut, avec une production avoisinant 4 millions de barils par jour (Mbj), et le deuxième plus gros fournisseur au sein de l'Opep. Le marché demeure, par ailleurs, inquiet au sujet des problèmes géopolitiques au Nigeria, où la production reste amputée de plus de 20% par les attaques menées ces derniers mois par des militants séparatistes dans le delta du Niger (Sud). Le passage à l'utilisation de l'éthanol pourrait, selon les analystes, ralentir la production d'essence et provoquer des pénuries locales de carburant, notamment après le coup d'envoi, fin mai, de la haute saison de consommation aux Etats-Unis. Le marché pétrolier est “bien approvisionné” malgré le niveau record des cours, estime l'Opep, qui fournit environ 40% de la production mondiale. Ainsi, la demande mondiale de brut pour 2006 devrait croître de 1,7% à environ 84,5 Mbj, estime l'Opep dans son rapport mensuel d'avril publié mardi à Vienne. Les pays de l'Opep ont produit pour leur part 29,6 Mbj en mars, en baisse de 0,2 Mbj, ajoute le rapport en citant des sources secondaires. Synthèse : Badreddine K.