La tendance haussière des importations demeure une préoccupation majeure des pouvoirs publics, lesquels œuvrent depuis le pic sans précédant enregistré en 2008 (40 milliards de dollars) à substituer à ces importations en lançant une série de mesures (promotion de la production nationale, annulation du crédit à la consommation, établissement du crédit documentaire, etc.), sans pouvoir pour autant réduire la dépendance du pays vis-à-vis de l'étranger. La situation demeure encore plus préoccupante, étant donné que les achats de l'Algérie en provenance de l'étranger pourraient frôler le chiffre record de 57 milliards de dollars en 2013, selon les prévisions des services des Douanes. En 2012, les importations algériennes avaient, pour la première fois de l'histoire, dépassé le chiffre de 50 milliards de dollars, pour s'élever à 50,36 milliards. Pire encore, l'Algérie qui peine toujours à faire face au dynamisme des importations, se trouve dans une situation plus délicate que celle de sa dépendance vis-à-vis de l'étranger. L'Algérie, important producteur de gaz et de pétrole, se trouve confrontée à une baisse persistante des exportations d'hydrocarbures. Une situation qui menace sa position extérieure, selon le Fonds monétaire international (FMI). «Bien qu'elle demeure solide, la position extérieure de l'Algérie a commencé a donné des signes d'affaiblissement. L'excédent des transactions courantes devrait baisser à 1,1% du PIB en raison de la diminution des exportations d'hydrocarbures et du dynamisme des importations», souligne le chef de la délégation du FMI en Algérie, M. Zeine Zeidane, dans une déclaration rendue publique au terme de sa visite en Algérie du 12 au 25 du mois courant. «La production d'hydrocarbures continue de fléchir tandis que la consommation intérieure croit rapidement, ce qui pèse sur les exportations», avertit le représentant du FMI. Il est utile de rappeler, à ce titre, que les exportations algériennes ont baissé de 5,42%, au cours du premier semestre 2013, soit 35,90 milliards de dollars contre 37,96 milliards de dollars en 2012. Une chute induite par le recul de 7,05% des exportations d'hydrocarbures de l'Algérie, lesquelles se sont chiffrées à 34,50 milliards de dollars à fin juin 2013, contre 37,12 milliards de dollars au même mois en 2012, selon le Centre national des statistiques et de l'informatique (Cnis). Les hydrocarbures ont ainsi représenté près de 96,09% du volume global des exportations algériennes. La baisse des exportations algériennes de pétrole, faut-il le souligner, n'est pas récente. Certains économistes et spécialistes des hydrocarbures évoquent une baisse de 28% ces dernières années, faisant craindre le pire pour nos exportations en 2013. Abdelatif Benachenhou, ancien ministre des Finances, évoque une baisse de 20% durant les sept dernières années. Le ministère de l'Energie reconnaît une baisse de 5 à 6% depuis 2005. En décembre 2012, les exportations algériennes de pétrole brut ont baissé de 5,5%, pour s'établir à 685 000 barils par jour. Outre le recul du cours du brut, ces experts expliquent la baisse des exportations principalement par le déclin structurel des réserves. Le fort rythme de production des hydrocarbures enregistré depuis les années 2000 a provoqué un déclin des gisements algériens, selon l'ancien ministre de l'Energie, Nordine Ait Laoussine, L'Algérie, souligne-t-il, a déjà consommé les deux tiers de ses réserves pétrolières récupérables et plus de la moitié de ses réserves de gaz naturel. «Un tel degré d'épuisement des ressources qui a conduit à une baisse de la production ces dernières années nous impose la mise en œuvre de mesures radicales, dont l'intensification de l'exploration et la maîtrise de la consommation nationale», a-t-il préconisé. A ce titre, l'ancien ministre de l'Energie recommande de plafonner la production pétrolière à un niveau qui permet le financement de l'économie. Et c'est ce que recommande également le Chef de la délégation du FMI. Selon M. Zeine, «pour inverser le repli des exportations, il faudra accroître les investissements en vue de stimuler la production, et adopter des mesures destinées à réduire la consommation intérieure d'hydrocarbures et promouvoir les exportations hors hydrocarbures. Aussi, les autorités algériennes, ajoute-t-il, devraient maîtriser les dépenses courantes. «L'adoption d'une règle budgétaire incluant un prix moyen du pétrole rétrospectif et établissant un plancher au solde structurel pourrait aider l'Algérie à gérer la volatilité des recettes pétrolières imputable à la fluctuation des cours des matières premières, à imposer une discipline de dépenses et à préserver la viabilité à long terme des finances publiques», souligne l'expert du FMI selon qui «le non contrôle des dépenses publiques, à long terme, pourrait engendrer des conséquences négatives pour l'économie. Le taux d'endettement pourrait, ainsi atteindre 100% du PIB, à l'horizon 2050». B. A.