Le soutien à la candidature du président Bouteflika et les garanties de transparence de l'élection présidentielle, à côté de la révision de la Constitution, sont les sujets qui intéressent autant qu'ils divisent la classe politique en Algérie, à moins de quatre mois de la prochaine échéance électorale. La constitution de blocs distincts, notamment le groupe des vingt partis et personnalités politiques qui rassemble le bloc islamiste, le RCD, le futur candidat Benbitour ainsi que l'instance des partis du Pôle nationaliste (le Front de la bonne gouvernance, le Parti national libre et le Parti national algérien), est, en ce sens, synonyme d'une mobilisation de la société dans cette perspective. Une mobilisation sans tambour battant, qui s'explique par le manque de visibilité au sein de ces pôles, qui semblent naviguer à vue tant que le candidat du pouvoir n'est pas encore connu. Sur ce plan cela semble cuire à feu doux, en ce sens que l'on ne se précipite pas pour répondre aux appels du pied lancés par le FLN, le RND, TAJ et le MPA, auxquels s'est jointe l'Académie de la société civile, invitant le président Bouteflika à briguer un quatrième mandat. Le RND, a rappelé par la voix de son secrétaire général par intérim, Abdelkader Bensalah, que «le RND n'a pas changé. Nous ne faisons ni surenchère ni troc politique. Nous sommes aux côtés des préoccupations du peuple et de ceux qui contribuent à préserver les constantes nationales et à renforcer les institutions», poursuivant que le RND «fort de ses principes et de ses choix politiques constants, ne craint pas et ne se sent pas dérangé par ceux qui s'agitent sur la scène politique». Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderezzak Makri, a annoncé quant à lui, que son mouvement s'emploie à «travailler et coopérer avec la classe politique dans le but de garantir la régularité de l'élection présidentielle et la réunion des conditions favorables à une compétition véritable», mais n'exclut pas le recours au boycott si ces conditions ne sont pas réunies. Le RCD compte aussi se battre pour la mise en place d'une commission «indépendante» d'organisation des élections, affirme son secrétariat national, en appelant à un consensus autour d'un «minimum républicain» devant permettre d'assainir le climat politique en Algérie à travers un débat, entre autres, sur la mise en place d'une commission nationale permanente chargée de la gestion des élections et d'un observatoire national des élections. Selon le RCD, ces deux structures «institutionnellement indépendantes» du gouvernement, auront pour mission «d'organiser, de gérer et de superviser tous les scrutins électoraux et les différentes phases qui conditionnent leur préparation». Alors que s'annonce une cascade de candidatures, en parallèle d'autres partis et personnalités politiques, tous de potentiels candidats, demeurent à l'affût du moindre bruissement en provenance du Palais d'El Mouradia. Mais pas seulement. Ils avancent aussi quelques cartes, en jouant sur le terrain de la régularité du prochain scrutin, pour essayer d'évacuer ce manque de données. Ces partis et personnalités, ayant certainement en mémoire les précédentes joutes électorales, peu ou prou toutes entachées par la fraude, de l'aveu même du président Bouteflika, qui n'a pas hésité à parler d'élections à la «Naegelen», tentent de parer à la réédition de ce scenario en activant comme ils peuvent, pour arracher autant de concessions que se peut, de la part du pouvoir. Les vingt auteurs de l'appel à réunir les conditions de «liberté et de transparence» nécessaires à l'organisation de l'élection présidentielle de 2014, n'ont eu pour réponse qu'un rejet, certes attendu, de la part du ministre de l'Intérieur, qui a rappelé que cela relève du domaine de la compétence de la Commission nationale de surveillance des élections, laquelle est régie par la loi électorale. L'instance des partis du Pôle nationaliste (le Front de la bonne gouvernance, le Parti national libre et le Parti national algérien), qui, pour sa part, a concentré ses efforts sur la révision de la Constitution, qu'elle appelle à reporter à l'après élection présidentielle de 2014, se joint également à cette demande, et va au-delà même. Ces partis, pour qui «il est impossible à l'heure actuelle de procéder à la révision de la Constitution», proposent «la formation d'un gouvernement d'entente nationale qui s'attellera à la préparation et à l'organisation de l'opération électorale», a souligné l'instance, précisant que cela est destiné à «garantir l'honnêteté de l'élection présidentielle et son succès (...)». Dans l'attente que se prononcent d'autres influents partis (FFS, notamment) et que des personnalités à l'instar de Benflis, Hamrouche et Ouyahia -qui font l'objet de sollicitations de leurs soutiens- déclinent leurs réelles intentions, la scène reste marquée par un flou artistique sur une échéance, dont nous séparent quelques encablures. Et en la matière ce n'est pas la sortie des organisations de «la société civile», dont l'Académie de la société civile algérienne (Asca), qui va atténuer ce manque de visibilité. A. R.