La République de Centrafrique semble rentrée dans un cycle d'instabilité dangereux. Après le massacre de 400 personnes en trois jours de troubles la situation semble calmée mais reste ouverte à toutes les évolutions. Un précédent bilan de la Croix-Rouge locale faisait état d'environ 300 morts. C'est dire le périlleux engrenage entamé dans ce pays d'Afrique centrale. Depuis le renversement en mars du président François Bozizé par une coalition hétéroclite à dominante musulmane la Séléka, la Centrafrique est plongée dans le chaos et une escalade de violences communautaires et interreligieuses. Ces violences se sont multipliées dans la capitale Bangui comme dans d'autres villes, dans un pays de 5 millions d'habitants en totale décomposition, précipitant ces derniers jours l'intervention étrangère par l'entremise de la France, dans le rôle du gendarme. L'ancien pays colonisateur, ayant toujours un pied dans ce pays indépendant depuis 1960, intervient en terrain quasi-conquis. La situation de désordre qui règne en Centrafrique facilitant une telle intervention militaire aux yeux du droit international. Paris prend évidemment soin d'y mettre les formes. L'opération dénommée «Sangaris» a été lancée avec le feu vert de l'ONU et en appui à une force africaine sur place, la «Misca». Le président français, François Hollande, a annoncé que le contingent français avait atteint 1 600 soldats et que les soldats de «Sangaris» auront désormais pour mission prioritaire de «mettre fin aux massacres et de désarmer toutes les milices et groupes». Le discours bien rodé se voulant loin des clichés «françafrique». Paris n'évoquait au départ qu'une intervention limitée dans le temps, autour de six mois, mais les soldats français pourraient rester dans le pays jusqu'à la tenue d'élections. Il est vrai que le pays risque de sombrer dans des affrontements à forte consonance ethniques. Après avoir subi des mois durant les exactions des ex-rebelles Séléka, venus du nord musulman, les velléités de vengeance d'autres communautés se sont exacerbées. Cette colère d'une grande partie des populations contre les Séléka s'est malheureusement reportée contre les civils, avec massacres et cycles interminables de représailles. Des groupes armés anti-Séléka entrés dans la capitale Bangui ont lancé une offensive dans plusieurs quartiers. Ces incidents avaient débuté avant le vote de la résolution de l'ONU donnant mandat à la force africaine et à l'armée française à intervenir en RCA. Ainsi après le Tchad, la Côte d'Ivoire, le Mali et aujourd'hui la Centrafrique, les interventions militaires de la France dans ses anciennes colonies commencent à faire désordre pour un Continent qui a longtemps souffert du colonialisme et qui en porte toujours les stigmates. Les problèmes chroniques de gouvernance qui gangrènent ces pays ne sont malheureusement pas le souci de ces puissances qui s'accommodent aisément de régimes «amis» et qui se présentent en sauveur dès que la situation dérape. M. B.