Avertissement - «La période d'impunité est terminée», a prévenu, hier soir, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui s'exprimait sur des médias français. «Demain» (lundi), «tout le monde pose les armes», a affirmé le ministre. Ou alors «on utilise la force pour les faire poser», a-t-il mis en garde. En véhicules blindés ou à pied, pour la deuxième journée consécutive, les soldats français de l'opération «Sangaris» ont été très visibles durant la journée d'hier sur les boulevards et carrefours stratégiques de Bangui, où l'activité est restée réduite malgré le retour à un calme relatif après les massacres des jours derniers. Les militaires de Sangaris patrouillent désormais «dans l'ensemble» de la capitale, selon l'état-major français: «Là où nous sommes, nous ne constatons pas de menace à l'encontre de la population, mais la situation sécuritaire reste tendue». Les soldats français ont notamment observé une certaine «tension» à l'approche d'éléments armés de l'ex-rébellion de la Séléka (au pouvoir), selon l'état-major: « (...) ils ont compris qu'ils vont devoir être regroupés, désarmés, que la force française est en train de s'imposer à leurs dépens dans la capitale, ce qui crée une tension». Près de l'aéroport, une patrouille française a répliqué hier, après avoir été la cible de tirs, selon des témoins. Il n'y a eu aucun blessé côté français, d'après une source militaire. Jeudi dernier, un premier incident survenu également près de l'aéroport avait fait quatre morts dans les rangs de l'ex-Séléka. De facto, l'avertissement français s'adresse en priorité à ces ex-combattants rebelles, coupables de nombreuses exactions ces derniers mois - pillages, exécutions sommaires - à l'encontre de la population. Haïs des habitants, qui les voient le plus souvent comme des «occupants» venus du Tchad et du Soudan voisins, les ex-Séléka, sont les seuls à évoluer en armes dans la capitale, face aux milices villageoises et chrétiennes «anti-balaka» (anti-machettes, favorables à l'ancien régime), présentes en brousse ou infiltrées dans les quartiers. La Centrafrique est plongée dans le chaos et un engrenage de violences communautaires et inter-religieuses entre chrétiens et musulmans depuis le renversement en mars dernier du président François Bozizé par une coalition hétéroclite à dominante musulmane, la Séléka. Ces violences se sont multipliées à Bangui comme en province, dans un pays de 4,6 millions d'habitants en totale décomposition, précipitant l'intervention française dans le pays, officiellement lancée après le vote d'une résolution de l'ONU. Depuis le début de l'intervention française, 394 personnes ont été tuées, selon un dernier bilan donné, hier, par le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius. «Le calme est revenu dans Bangui, même s'il y a encore ici ou là des exactions», a-t-il expliqué, alors que l'armée française a véritablement lancé ses opérations de sécurisation. L'opération Sangaris (du nom d'un papillon rouge local) mobilise 1 600 militaires français, déployés en appui à une force africaine sur place, la Misca (2 500 soldats). La Commission européenne a annoncé, hier, dimanche, l'organisation d'un pont aérien entre Douala, au Cameroun, et Bangui, pour appuyer les opérations humanitaires en Centrafrique. Un appareil géré par ECHO Flight, le service de transport aérien humanitaire de l'UE, avec une capacité de 50 passagers ou cinq tonnes de fret, arrivera ce lundi à Douala, au Cameroun, a précisé la Commission européenne dans un communiqué.