Nasser Hannachi Le syndicat médical se dit lésé par des contraintes professionnelles insoutenables. Alors que la direction se défend en déplorant la surcharge exercée sur le CHU ce qui rend difficile la tâche, et appelle à la concertation. Il a mis sa menace à exécution : le Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires de Constantine (Snechu) a observé hier une journée de protestation dans laquelle il a dénoncé les conditions de travail jugées «insoutenables et lamentables» au niveau du centre hospitalier Dr Benbadis. A l'exception des urgences les autres services étaient quasi-paralysés. Un coup dur pour les malades déjà fragilisés par le calvaire lié à leur prise en charge. «Cette journée n'est que le début d'une série de protestations pendant laquelle hormis les astreintes et les urgences, aucune activité de santé ne sera assurée jusqu'à ce qu'il y ait des prémices de sortie de ce marasme chronique», nous dira le représentant du syndicat en question, le docteur Kitouni Yacine, dans un point de presse. Et d'appuyer : «C'est insoutenable. De jour en jour les conditions de la corporation se dégradent. Pas de médicaments ni de paramédicaux suffisants pour assurer des prestations médicales honorables. Même les bilans se font en ambulatoire. Et la radiographie n'échappe pas à cette décadence.» Le Snechu a instruit la direction du CHU et son directeur M. Rouabeh des problèmes auxquels la corporation est confrontée, au moins trois fois durant cette année avec en sus des réunions et assemblées. «Des promesses sans lendemain, souligne le syndicat, à la suite de l'échec dans l'ensemble de nos tentatives nous avons amorcé cette journée de protestation reconductible». L'absence de médicaments est significative que des programmes liés aux opérations chirurgicales sont aménagées à cause du manque de «protoxyde d'azote, un anesthésiant produit par Lindegaz». Sur un autre chapitre le syndicat met en relief la déliquescence totale, l'impunité et le laisser aller qui, selon lui, sont devenus la devise et le mode de gestion dans lesquels sombre de plus en plus l'hôpital. Une dégradation qui, ajoutera notre même interlocuteur, touche également le stationnement à l'intérieur de la structure. Poursuivant ses doléances exprimées et approuvées par ses pairs, le coordinateur reviendra aussi sur l'insécurité qui y règne : «Ni les services, ni les urgences particulièrement, ne sont épargnés par ce phénomène. La corporation est souvent insultée et entend des vertes et des pas mûres, sans que la direction ne daigne s'interférer d'une façon ferme.» Par ailleurs, le volet relatif aux rémunérations n'a pas manqué sur la plateforme de revendications du syndicat. De fait, ce dernier révèlera les retards récurrents dans le payement de salaires ainsi que des primes des 400 hospitalo-universitaires. Une requête contestée par le directeur du CHU joint hier en fin de journée. En effet M. Rouabeh estimera que «le retard dans les honoraires n'est pas autant significatif car ne dépassant pas quelques jours. La corporation est payée dans le même mois». Concernant les rappels et les primes, il a certifié avoir adressé «des notifications à tout le corps de la santé exerçant au CHU leur assurant que ces reliquats de trois années et tout ce qui a trait aux primes et autres bonus devront être versés au cours de ce mois de décembre». Et d'éclairer : «Effectivement au début le budget initial était insuffisant pour les alimenter. On risquait de se retrouver à découvert devant les rémunérations. Il avait fallu attendre le budget complémentaire émanant du ministère de la Santé et l'adopter avec le conseil d'administration.» Une chose est sûre : «A la clôture de la balance la situation financière de tout le personnel sera assainie», garantira-t-il. Questionné sur les conditions de travail mises à nu par les médecins, M. Rouabeh avouera que «la pression est énorme au sein des services de gynécologie et des urgences chirurgicales. On va procéder à un renforcement en attendant des alternatives». In fine le Snechu souligne que les hospitalo-universitaires ont largement été «bienveillants» et surtout patients quant aux difficultés que le DG «prétend rencontrer depuis son installation à ce poste». Mais cette largesse semble avoir été largement consommée. Le syndicat ouvre la voie à la protestation jusqu'à satisfaction de ses revendications jugées d'ordre purement professionnel et donc médical. Tandis que la direction tempère et appelle à la concertation pour trouver un ersatz temporaire du moins «jusqu'à la réalisation des centres mères enfants et du nouveau CHU à la nouvelle ville Ali-Mendjeli». C'est trop...loin aux yeux du Snechu ! N. H.