Les Sud-Africains se sont alignés hier en longues files d'attente pour rendre le dernier hommage à leur héros national. Des dizaines de milliers de Sud-Africains ont afflué à Pretoria dans l'espoir de pouvoir s'incliner devant le père de la nation, Nelson Mandela, avant le départ du cercueil vers son village natal de Qunu dans le Sud où il sera inhumé dans l'intimité demain. La dépouille du défunt reposait hier au siège de la Présidence pour le troisième et dernier jour. En milieu de matinée, 50 000 personnes avaient déjà investi les quatre aires d'attente, formant d'impressionnantes files d'attente qui serpentaient sur plusieurs kilomètres. Face à cette affluence record, le gouvernement a appelé la population à ne plus venir. «Nous ne pouvons pas garantir que chaque personne présente dans les files d'attente dans les différents sites pourra accéder à l'Union Buildings», a-t-il souligné dans un communiqué. La veille, les autorités avaient dû fermer les portes de la Présidence alors que des milliers de personnes patientaient encore dehors. Certains, avaient alors décidé de coucher sur place pour avoir cette chance de lui faire ses adieux le lendemain. Une fois le show médiatique du mardi écoulé, les hommages à Mandela ont pris une tonalité plus triste et recueillie, contrastant avec l'élan de joyeuse célébration des jours précédents. De nombreuses personnes étaient en larmes selon les envoyés spéciaux de la presse internationale. Des chaînes de magasins ont annoncé qu'elles resteraient fermées au moment de l'inhumation demain. C'est par avion que la dépouille présidentielle sera transférée samedi dans la province du Cap oriental. Si la météo le permet, l'appareil se posera sur le petit aéroport de Mthatha et une procession ira jusqu'à Qunu, lieu béni de l'enfance et des vieux jours de Mandela. La première partie de l'office se déroulera en présence d'environ 5 000 personnes, dont des dignitaires étrangers comme le Prince Charles d'Angleterre ou les anciens Premiers ministres français Lionel Jospin et Alain Juppé, et sera retransmise à la télévision. Ensuite, «la famille souhaite que l'inhumation reste une affaire de famille, elle ne veut pas que ce soit télévisé, elle ne veut pas que les gens voient la mise en terre», a expliqué un porte-parole du gouvernement, Phumla Williams. Seules quelques rares personnalités seront admises. Selon la coutume, des rites xhosas, dont l'égorgement d'un bœuf, seront pratiqués et des aînés du clan Thembu, dont était issu Mandela, prendront la parole autour de la tombe. «Des funérailles sont une cérémonie complexe qui demande notamment de communiquer avec les ancêtres et de permettre à l'esprit du défunt de se reposer», a expliqué le chef Jonginyaniso Mtirara, du clan Thembu. Depuis une semaine, des ouvriers s'affairent dans le petit village pour assurer le bon déroulement de la cérémonie dans la propriété que Nelson Mandela s'était fait construire à Qunu à sa libération en 1990 après 27 ans dans les prisons du régime raciste. M. S./Agences