Comble de l'ironie, Israël lance des tracts aux Palestiniens dans la bande de Ghaza pour quitter leur domicile en prévision d'un élargissement de ses attaques. Où doivent se réfugier ces femmes et ces enfants alors que cette région entièrement bombardée est encerclée ? Où fuir lorsqu'on sait que les hôpitaux et les écoles sont également ciblés ? Israël, défiant la communauté internationale, continue sereinement de massacrer les Ghazaouis pris au piège. Son armée ne prend même pas la peine de prétexter une erreur de tir contre une maison où elle avait rassemblé un groupe de 110 Palestiniens dont la moitié était des enfants. Trente personnes ont péri dans ces bombardements et les survivants -qui ont pu le faire- ont marché deux kilomètres avant d'être transportés vers un hôpital dans des véhicules civils. Trois enfants, le plus jeune âgé de cinq mois, sont morts à leur arrivée. Pire est l'affirmation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui a accusé l'armée israélienne de l'avoir empêché d'accéder à des blessés palestiniens. Quatre enfants coincés pendant cinq jours dans leur maison avec le corps de leur mère tuée dans des combats ont été découverts par les secouristes du CICR dans une maison du quartier de Zeitoun. «C'est un incident choquant», a affirmé Pierre Wettach, le directeur du CICR, ajoutant que «les militaires israéliens devaient avoir connaissance de la situation mais n'ont pas porté secours aux blessés. Ils n'ont permis, ni à nous ni au Croissant-Rouge palestinien (PRCS), d'aider les blessés». Et pour empêcher les secours de porter aide aux blessés, les militaires israéliens tirent sur les ambulances. Ce qui a obligé le CICR à réduire temporairement ses activités bien que la situation humanitaire soit des plus alarmantes. L'Unrwa, l'agence de l'ONU d'aide aux réfugiés palestiniens, a, pour sa part, suspendu ses opérations après qu'un de ses convois eut été touché par des obus israéliens et un chauffeur palestinien tué près du terminal d'Erez. «Nous maintiendrons cette suspension tant que les autorités israéliennes ne garantiraient pas la sécurité de nos équipes», a déclaré le porte-parole de l'agence tout en déplorant une situation humanitaire «critique», qui empire «d'heure en heure». Avec cette suspension, plus de 750 000 réfugiés ne seront plus assistés. «Les gens nous disent déjà qu'ils ont faim et cette insécurité alimentaire s'accroît», a pourtant prévenu l'agence qui a rappelé que certains endroits restaient coupés de toute aide. D'un autre côté, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a affirmé que le système médical palestinien est «au bord de l'effondrement» du fait d'hôpitaux surchargés, de personnels médicaux épuisés d'avoir travaillé 24 heures/24 pendant presque deux semaines, ou encore du fait de l'acheminement rendu très difficile de matériel médical et de médicaments. Les hôpitaux fonctionnent grâce à des générateurs de secours, menaçant de s'arrêter faute de carburant, a en outre expliqué l'OMS. Actuellement, un million de personnes vivent sans électricité et sans eau. Les réserves alimentaires des organisations humanitaires ne suffisent que pour quelques jours, pas des semaines, selon leurs propres estimations. Dans la bande de Ghaza, où plus de 800 personnes sont mortes et plus de 3 200 ont été blessées en 14 jours d'agression, c'est le chaos. Israël qui ignore la résolution 1860 du Conseil de sécurité, adoptée jeudi dernier, et dans laquelle il appelle à un cessez-le-feu immédiat à Ghaza, ne va sûrement pas s'encombrer du respect des obligations requises par le droit international humanitaire. H. Y.