Les principaux partis tunisiens ont trouvé tard jeudi soir un accord lors de pourparlers sur le futur Premier ministre indépendant, a indiqué le syndicat UGTT, principal médiateur des négociations, ajoutant que ce compromis sera présenté vendredi. "Après notre réunion, nous sommes parvenus à un accord qui sera présenté demain" vendredi, a déclaré Houcine Abassi, secrétaire général de l'UGTT aux antennes des différentes radios tunisiennes et à l'agence officielle TAP. Il s'exprimait après une rencontre ayant réuni les islamistes au pouvoir d'Ennahda et les principaux partis d'opposition. L'accord de jeudi soir doit être présentée vendredi aux autres partis politiques lors d'une assemblée plénière du dialogue national, le nom donné aux négociations censées sortir la Tunisie d'une profonde crise politique, a indiqué M. Abassi. Le dirigeant syndical n'a apporté aucune précision sur la nature du compromis, alors qu'Ennahda et l'opposition ne parvenaient pas depuis l'entame de négociations fin octobre à s'accorder sur l'identité de la personnalité indépendante qui sera appelée à diriger le prochain gouvernement tunisien. Le compromis sur le futur Premier ministre est crucial pour sortir la Tunisie de l'impasse dans laquelle elle est plongée depuis l'assassinat en juillet d'un député de l'opposition, Mohamed Brahmi. Les islamistes d'Ennahda ont accepté de quitter le pouvoir à condition qu'en parallèle soit adoptée la future Constitution du pays, en cours d'élaboration depuis deux ans, et que le calendrier des futures élections soit fixée. L'opposition insiste pour sa part sur la désignation d'une personnalité indépendante devant former un cabinet apolitique avant de voter la future loi fondamentale. Cette profonde crise politique a aussi nourri l'anémie de l'économie tunisienne. Ces dernières semaines les débrayages, grèves et manifestations parfois violentes se sont multipliées, alors que la pauvreté était l'un des facteurs au coeur de la révolution de 2011. La Tunisie est aussi déstabilisée par l'essor depuis la révolution d'une mouvance jihadiste armée, accusée notamment des assassinats des opposants Chokri Belaïd en février et Mohamed Brahmi en juillet. L'opposition accuse les islamistes d'Ennahda qui dirigent le gouvernement de laxisme vis-à-vis de ces groupes.