Les scandales financiers qui éclaboussent le gouvernement d'Erdogan commencent à l'exaspérer. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a perdu son sang froid hier. Il a averti, qu'il pourrait expulser certains ambassadeurs étrangers auteurs «de provocations», sur fond de tensions provoquées par un scandale de corruption sans précédent. «Certains ambassadeurs sont engagés dans des actions de provocation», souligne-t-il en réponse à des remarques faites lors de son déplacement dans la ville de Samsun, sur les bords de la mer Noire, et retransmises par la télévision. «Nous ne sommes pas tenus de vous garder dans notre pays», a ajouté le chef du gouvernement. Sérieusement ébranlé par cette tempête politico-financière qui survient à quatre mois des élections municipales, le pouvoir islamo-conservateur, qui avait sanctionné, vendredi, 17 nouveaux hauts gradés, a perdu son sang froid hier avec la mise en détention des fils de ministres et autres personnalités. M. Erdogan reproche à la cinquantaine d'officiers démis de leurs fonctions depuis mardi des «abus de pouvoir» et dénonce une «sale manœuvre» visant à ternir son pouvoir. Comme il l'avait fait lors de la fronde antigouvernementale qui a secoué la Turquie en juin, le Premier ministre a brandi la théorie du complot et accusé un «Etat dans l'Etat» d'être à l'origine de cette opération. Vendredi soir, le vice-Premier ministre Bülent Arinç a dénoncé pour sa part «une campagne de lynchage contre le gouvernement». «Nous ne l'avons pas mérité. Qui d'autre que nous a lutté d'une manière aussi déterminée contre la corruption», a-t-il lancé aux députés de l'opposition qui l'interpellaient bruyamment. Le chef du gouvernement pas plus que ses ministres n'ont précisé le nom des responsables de cette «conspiration». Mais tous les observateurs ont reconnu dans leur mise en cause, la puissante confrérie du prédicateur musulman Fetullah Gülen, très influente dans la police et la magistrature. Alliée de l'AKP depuis son arrivée au pouvoir en 2002, cette organisation est entrée en guerre contre le gouvernement suite à un projet de suppression d'écoles privées, dont certaines sont gérées par la confrérie, illustrant les failles qui lézardent désormais la majorité. Afin de limiter le coût politique de cette affaire, M. Erdogan pourrait percer l'abcès rapidement et se débarrasser des ministres dont les fils ont été mis en cause à l'occasion du remaniement, annoncé pour la fin du mois, prévu pour remplacer les ministres candidats aux municipales, selon des sources proches du gouvernement. Le scandale de la corruption a touché, pour rappel, des enfants de ministres turcs dont ceux de l'Intérieur et de l'Economie. Les deux enfants de ces deux responsables ont été inculpés et placés en détention préventive par des juges d'Istanbul, tôt hier matin, dans le cadre d'un scandale de corruption qui agite la Turquie et éclabousse le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan. Le directeur général d'une grande banque publique, Halkbank, figure également parmi les personnalités inculpées pour corruption active, fraude, trafic illicite d'or et malversations, précisent les chaînes d'information NTV et CNN-Türk. Elles sont soupçonnées de corruption, de fraude et de blanchiment d'argent dans le cadre de trois enquêtes liées à des marchés publics immobiliers et de transactions d'argent et d'or entre la Turquie et l'Iran, sous embargo. La veille, le parquet d'Istanbul avait ordonné le placement en détention, au terme de trois jours de garde à vue, de huit des dizaines de personnes interpellées, mardi à l'aube à Istanbul et à Ankara, par la direction financière de la police lors d'un coup de filet qui a créé une tempête politique inédite au sommet de l'Etat turc. M. S./Agences