En dépit des efforts consentis par l'Algérie dans le domaine de l'éducation, pour lequel des budgets importants ont été alloués tout au long des 50 dernières années, avec notamment la généralisation de l'accès à l'école primaire (de moins de 85% en 1980 à plus de 97% en 2011), beaucoup d'efforts restent à faire pour hisser la qualité de l'enseignement dans notre pays. Celle-ci est largement en baisse en dépit de toutes les mesures prises par la tutelle afin d'améliorer un tant soit peu les résultats, les chiffres sont bel et bien là pour le démontrer. Selon les résultats de ce premier trimestre de l'année scolaire 2013-2014, toutes filières confondues, près de 20% seulement des élèves à l'échelle nationale ont eu la moyenne dans les matières essentielles. Les résultats scolaires du premier trimestre sont peu satisfaisants, voire même «catastrophiques», dans la plupart des wilayas, notamment celles du Grand-Sud et des Hauts-plateaux. Les choses ne risquent pas de s'améliorer dans un avenir immédiat. Lors de l'évaluation des résultats du 1er trimestre de cette année scolaire, les différentes directions de l'éducation nationale ont constaté que le nombre d'élèves, toutes filières confondues, ayant obtenu une moyenne de 10/20 dans l'examen des mathématiques à l'échelle nationale ne dépasse pas les 20%. Ce qui signifie que les élèves sont confrontés à des difficultés énormes dans les matières essentielles, surtout pour ceux évoluant dans les filières scientifiques. Idem pour les filières littéraires. Et pourtant, diverses réformes ont été menées, notamment dans les années 2000, mais celles-ci ont été faites sans une évaluation précise des carences du système éducatif et sans la construction d'indicateurs de qualité et de performance qui puissent permettre un réel pilotage du système éducatif. Or, l'instauration d'une culture de l'évaluation s'avère indispensable pour provoquer une réelle rupture et améliorer la qualité de l'éducation. Les parents d'élèves se disent surpris quant aux résultats de ce premier trimestre, qu'ils qualifient de «débâcle». «Nous ne nous attendions vraiment pas à de tels résultats, mais vu les conditions dans lesquelles se trouvent les établissements scolaires en termes d'équipements et de qualité de l'enseignement, il est clair que l'amélioration du système éducatif n'est pas pour demain», nous lance une parente d'élève visiblement indignée face à la situation actuelle. «Les résultats sont très décevants, en dépit de tout nos efforts et les moyens que nous offrons à nos enfants. Nous ne comprenons toujours pas l'origine de ces résultats catastrophiques», déplore-t-elle. Les parents d'élèves dénoncent aussi le fait que les programmes ne soient pas allégés. Cette surcharge de travail n'apporte rien à leurs enfants qui, saturés, sans aucun temps libre pour les loisirs et le jeu, n'hésitent pas – pour certains – à fuir l'école. Le système éducatif algérien demeure très inégalitaire, avec de fortes disparités régionales (voire même entre établissements scolaires), ainsi qu'un poids important de l'appartenance sociale sur la réussite scolaire. En effet c'est un phénomène qui persiste, l'appartenance sociale de l'enfant a souvent été un point déterminant dans la qualité de l'enseignement que ce dernier reçoit, dans l'indifférence total des parents, certains enseignants pratiquent cette mentalité de disparité régionale et sociale entre les élèves d'une même classe. Plusieurs lacunes et défaillances font que le système éducatif actuel en Algérie n'est pas performant. Des lacunes sociales, administratives, en termes d'infrastructures et même en termes de mentalités. Il est clair qu'il faut réduire ces inégalités sociales en matière d'accès au savoir, de réussite scolaire et de moyens budgétaires. Cet objectif d'équité a été en grande partie atteint en termes d'accès. L'enjeu aujourd'hui est la qualité du système, les chances qu'il offre aux écoliers sans aucune disparité et que le savoir acquis soit amélioré de manière équitable dans toutes les strates de la société, dans toutes les wilayas du pays. Il est également primordial de hisser la réussite scolaire pour tous au rang de priorité majeure du système éducatif, car l'échec scolaire est un véritable handicap pour l'insertion des jeunes Algériens au sein de la société. Les parents ont beau ressasser que les cartables des enfants sont lourds et trop chargés, mais aucun écho. Des affaires scolaires souvent inutiles, selon eux, mais qui sont néanmoins considérées comme nécessaires. «Dans leur cartable, il y a plusieurs cahiers qui doivent être transportés quotidiennement, ainsi que plusieurs livres. C'est très lourd, parfois même pour les parents», déplore une mère de famille. Un poids alarmant que les médecins prohibent. A chaque hiver, les enfants gèlent dans les classes. Une fois le cartable déposé -un cartable que leur corps frêle peine à porter -, les écoliers grelottent de froid dans leurs classes, tout comme les collégiens et les lycéens. Nombreux sont les établissements où les chauffages ne sont pas installés. Telle est la situation sanitaire des écoles, notamment celles situées dans les zones rurales, caractérisées par un froid sibérien durant les hivers. C'est, en effet, beaucoup de soucis recensés dans les écoles primaires. Des soucis qu'un bon nombre de parents et d'enseignants ont tenu à dénoncer et à mettre en lumière en signant des pétitions qui, hélas, n'ont connu aucune suite, les autorités tardant à s'attaquer aux causes profondes de la situation de l'enseignement dans notre pays. Les autres paliers ne sont pas en reste. Les notes obtenues par les élèves du secondaire au premier trimestre sont en dessous de la moyenne tout comme chez les élèves du cycle moyen. Au CEM et au secondaire, le taux ne dépasse pas les 40%. Ce bilan a été élaboré suivant les résultats collectés auprès des conseils de classe de plusieurs établissements à travers le territoire national. Manque d'enseignants, de transport, de cantines et de manuels scolaires sont autant de causes qui ont donné lieu à cette baisse alarmante du niveau scolaire, notamment dans les communes enclavées. Les enseignants y sont aussi pour quelque chose dans l'état actuel du secteur de l'éducation, déplorent les parents d'élèves, qui assurent que certains enseignants pratiquent encore des méthodes dépassées au sein des établissements scolaires. Ils déplorent (les parents) également le fait que «de nombreux enseignants donnent des cours particuliers en dehors de leurs heures de travail parce qu'ils ne dispensent pas l'intégralité des cours aux élèves afin de les obliger de manière détournée à suivre des cours particuliers». Ouvrir les portes du dialogue avec les partenaires sociaux avant l'entame des grèves constitue la meilleure voie de collaboration à suivre par la tutelle. L'absence de dialogue est d'ailleurs souvent citée comme cause des mouvements de grève ayant touché l'école. Aussi, il faudrait réviser aussi bien le système de recrutement que la promotion, mais aussi les départs à la retraite pour éviter aux établissements de se retrouver «amputés» à chaque rentrée scolaire. Le manque d'encadrement administratif y est pour quelque chose. Au niveau de certaines wilayas, des mouvements de protestation sont souvent observés pour s'élever justement contre la négligence de la gestion administrative des établissements scolaires par les responsables. A cause de la mauvaise gestion et du laisser aller dans les établissements scolaires publiques, nombreux sont les parents qui optent pour des écoles privées, convaincus que celles-ci sont en mesure de garantir à leur progéniture une meilleure qualité de l'enseignement. L'autre point à signaler est le lien entre l'environnement pédagogique et le mauvais rendement scolaire, celui-ci n'est pas en adéquation avec les objectifs assignés par les acteurs de la réforme du système éducatif. Outre la surcharge des programmes et la mauvaise gestion administrative, les parents d'élèves incriminent les conditions de scolarité. Le recrutement des enseignants, qui ne se fait pas avant la rentrée scolaire, ainsi que le retard accusé dans la délivrance des résultats des concours de recrutement de la Fonction publique ont eu pour conséquence la perturbation des élèves, dont une partie n'a commencé les cours dans certaines matières que plusieurs semaines après la rentrée. Par conséquent, le ministère de l'Education a instruit les différentes directions de l'éducation de laisser les différents établissements scolaires ouverts, essentiellement pour les candidats aux examens de fin d'année, tous paliers confondus, et ce durant la première semaine des vacances d'hiver afin de rattraper les cours non-dispensés en raison de la grève observée par le Cnapest-élargi et dans l'espoir, bien entendu, de terminer les programmes dans les délais. A. K.