Le président de transition centrafricain, Michel Djotodia, et son Premier ministre, Nicolas Tiangaye, doivent se réunir mercredi pour tenter d'apaiser les tensions alors que Paris a annoncé un soutien militaire européen afin de rétablir l'ordre dans ce pays. La rencontre se déroulera en présence du médiateur congolais, le général Noel Leonard Essongo, et de la représentante de l'Union africaine (UA) Awa Ahmed Youssouf, et intervient après le limogeage dimanche soir par le président Michel Djotodia trois ministres du gouvernement ainsi que le directeur du budget. Prise sans concertation avec le Premier ministre Tiangaye, cette décision a suscité la polémique à la tête de l'exécutif, révélant au grand jour des dissensions entre MM. Djotodia et Tiangaye. Par conséquent, des proches de l'opposition (qui comptent plusieurs représentants au sein du gouvernement, dont le Premier ministre) ont menacé de saisir la Cour constitutionnelle, alors que le camp Djotodia affirme que le président était dans son droit. Une tension extrême continue de régner à Bangui et dans le reste du pays malgré l'intervention de l'armée française pour tenter de désarmer les anciens rebelles et les milices qui s'affrontent dans un cycle de représailles intercommunautaires. — Fabius annonce le déploiement prochain de soldats européens— Le chef de la diplomatie française,Laurent Fabius, a annoncé mardi devant l'Assemblée nationale que plusieurs partenaires européens apporteraient leur soutien militaire à la France en Centrafrique. La Belgique est le Premier à avoir réagi à cette demande. Le pays envisage notamment d'envoyer 150 soldats mais seulement pour une "mission de protection" de l'aéroport de Bangui, selon une source militaire Belge. Ces hommes pourraient être déployés à partir de la fin du mois de janvier. Un effort supplémentaire du gouvernement belge qui avait déjà donné son feu vert à la mise à disposition de l'opération Sangaris d'un avion de transport gros-porteur Airbus A330 et d'un avion de transport tactique. Autre pays prêt à soutenir Paris, la Pologne. Mais ce pays exclut tout envoi de troupes à Bangui. Pour Varsovie, il s'agit de mettre à disposition un avion de transport militaire avec son équipage complet. Pour le Premier ministre polonais, ce soutien logistique aérien sera limité et l'avion devra stationner à Toulon, dans le sud-est de la France, et faire la navette avec l'Afrique. L'Espagne, pour sa part, a déjà annoncé un soutien, notamment dans le transport de troupes et de matériel. De même que Berlin qui a mis à disposition des capacités de transport aérien. Les Pays-Bas, l'Autriche et la Grande-Bretagne n'envisagent pas non plus l'envoi de soldats. Quant à la Suède, la Finlande, la Hongrie et la Bulgarie, aucune décision n'a encore été prise. L'opération française Sangaris en Centrafrique a officiellement commencé le 5 décembre. Quelque 1.600 soldats français interviennent en soutien des troupes africaines (3.200 hommes à ce jour) de la force Misca pour rétablir l'ordre et la sécurité et désarmer les milices. Par ailleurs, les chefs d'Etats et de gouvernement de l'UE se retrouvent à partir de jeudi pour un sommet consacré à la politique de défense. Au plan humanitaire, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a enregistré près de 210.000 déplacés sur environ 800.000 habitants dans la capitale centrafricaine Bangui depuis le début des violences, une situation sans précédent. Dans la banlieue de Bangui, quelque 40.000 personnes déplacées depuis les 5 et 6 décembre mais qui n'avaient pas encore pu contacter les organisations humanitaires, selon le HCR. "Beaucoup de ces nouveaux arrivants disent avoir été témoins d'atrocités", a souligné M. Edwards, citant "des tueries, des violences sexuelles et diverses violations des droits de l'Homme dont les auteurs restent pour l'instant indéterminés", selon un porte-parole du HCR, Adrian Edwards. L'ex-rébellion Séléka a pris le pouvoir en mars, chassant le président François Bozizé. Jusqu'à cette prise de pouvoir de la Séléka —coalition hétéroclite de groupes armés—, chrétiens et musulmans vivaient en bonne entente dans ce pays très pauvre de 4,5 millions d'habitants, chrétien à 80%. Les hommes de la Séléka se sont depuis rendus coupables d'une multitude d'exactions —vols, pillages, exécutions— contre les populations chrétiennes qui ont soif de vengeance et assimilent désormais tous les musulmans à l'ex-rébellion.