L'Algérie et l'Egypte vont développer à l'avenir leurs relations bilatérales et œuvrer à l'établissement d'une coordination dans tous les domaines et fora internationaux. Cette volonté de l'Algérie a été affirmée par le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra. «Nous souhaitons que les relations algéro-égyptiennes soient à la hauteur du rôle qui incombe aux deux pays au regard des potentialités, de l'histoire, des engagements et des résultats tangibles réalisés par le passé», a indiqué M. Lamamra dans un entretien à la revue égyptienne Wadi Ennil dans son numéro de décembre. En soulignant la dimension stratégique des relations algéro-égyptiennes, M. Lamamra a précisé que «la vision du passé éclaire l'avenir et définit les contours de l'action commune devant être menée entre l'Algérie et l'Egypte», avant d'affirmer que les deux pays ont convenu d'un échange de visites et d'une action méthodique au plan diplomatique en vue d'une coordination et d'une concertation pour mettre au point des approches communes à soumettre par la suite aux groupes arabe et africain. L'Egypte a, de son côté, indiqué, par la voix de son vice-ministre aux Affaires arabes, Nacer Kamel, qui a particulièrement insisté sur le dialogue et une coordination étroite entre l'Algérie et l'Egypte, comme moyen d'assurer la sécurité arabe. Faisant suite à l'audience que lui a accordée le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, le responsable égyptien a affirmé que l'Algérie et l'Egypte étaient face à «une responsabilité historique» concernant la sécurité dans le monde arabe, notamment à la lumière des défis qui se posent à la région sur les plans sécuritaire, politique et stratégique. Il a, dans ce sens, indiqué que sa visite en Algérie s'inscrivait dans le cadre des préparatifs de la visite du ministre égyptien des Affaires étrangères, Nabil Fahmi, prévue le 5 janvier à l'invitation de son homologue algérien. En affirmant que l'Algérie et l'Egypte «sont deux forces importantes dans le monde arabe et en Afrique», le vice-ministre égyptien a indiqué avoir soulevé, lors de son séjour à Alger, les questions prioritaires entre les deux pays. Les mécanismes de coopération entre l'Algérie et l'Egypte, tels la Haute commission mixte et le comité politique de suivi, «sont stables» et ne nécessitent pas la création de nouveaux mécanismes, mais plutôt la consolidation de la coordination et de la concertation pour décider des étapes à suivre dans tous les secteurs, a estimé le responsable égyptien. Autre indicateur de ce réchauffement des relations algéro-égyptiennes, a été la réaction de l'Algérie suite à l'attentat meurtrier ayant visé dans la nuit un QG de police à Mansoura dans le nord de l'Egypte, en condamnant avec la plus grande fermeté cet acte terroriste et exprimé sa compassion avec le peuple égyptien. Tout récemment encore, à la suite du décès de l'éminent diplomate et ancien secrétaire général de la Ligue arabe, Esmat Abdel Meguid, l'Algérie a présenté ses condoléances au peuple égyptien et à la famille de l'illustre disparu. Cette embellie qui s'annonce dans les relations algéro-égyptiennes, soumises à rude épreuve au temps de Moubarak, intervient dans une conjoncture où la diplomatie algérienne est en train de recouvrer son dynamisme, depuis la nomination à la tête de ce ministère de souveraineté de Ramtane Lamamra. Ce dernier, en véritable connaisseur des dossiers africains, est en train de mener une véritable offensive pour reconquérir les espaces perdus par l'Algérie, ou qui étaient en voie de l'être. S'agissant notamment du dossier relatif aux crises au Mali, Tunisie, Libye, et Syrie. Pour autant, le ministre a réitéré les fondements de la diplomatie algérienne dans le traitement de ces questions, à commencer par le principe de non ingérence dans les affaires d'autrui. «L'Algérie préconise toujours des solutions démocratiques, négociées en toute responsabilité dans le cadre des principes cardinaux connus de tous», quand il s'agit des pays voisins, a affirmé le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, dans un entretien publié par Jeune Afrique dans son édition du mois de décembre. Après avoir évoqué les conséquences que pourrait avoir ce qui est communément appelé «le printemps arabe» sur les organisations régionales, notamment la Ligue arabe et l'Union africaine (UA), le ministre des Affaires étrangères, a rappelé que «l'Algérie s'est distinguée au sein de la Ligue en tirant la sonnette d'alarme». Sur ce chapitre, Ramtane Lamamra a indiqué que de nombreuses sociétés arabes veulent le changement, et qu'«en Algérie le message a été bien reçu après les évènements d'octobre 1988, et un processus de réformes a été engagé», a-t-il souligné. Il a toutefois noté qu'ailleurs «les régimes en place ont ignoré cette exigence de changement». «Nous avons la conviction que la réponse à cette exigence ne saurait être militaire», a encore relevé le ministre des Affaires étrangères, précisant qu'«il s'agit d'aspirations politiques qui ne peuvent être traitées que par des moyens pacifiques». «Accompagner ces aspirations par des rebellions armées, lesquelles provoquent en réponse l'utilisation excessive de la force, ne conduit à aucune solution durable», a prévenu M. Lamamra. A. R.