Encore une fois, Ghardaïa fait l'actualité, tristement. La tension latente séculaire entre Chaambas et Mozabites reproduit en cette fin d'année le cycle des affrontements intercommunautaires qu'on n'arrive toujours pas à rompre, comme l'année dernière, l'année d'avant, et toutes les autres années. Quel est le motif de ce énième heurt ? Bien malin qui saurait vous en trouver un pouvant justifier ce déchaînement de violence ou les précédents. Les Mozabites diront que ce sont les Chaambas qui ont commencé et que c'est de leur faute. Les Chaambas répliquent que les Mozabites sont les premiers responsables et que ce sont eux qui provoquent les troubles. Dans les faits, l'explosion n'a besoin que d'une étincelle qui peut être provoquée par n'importe quoi, un geste, une parole, une décision... On a vu des émeutes partir après une petite altercation entre un commerçant et un vendeur à la sauvette qui a dressé son étal devant le magasin du premier. Une autre fois, ça sera suite à un différend à cause d'un enterrement, une communauté s'étant opposée à l'inhumation du mort d'une famille de la communauté adverse dans ce qu'elle considère comme son cimetière exclusif. Et ça dégénère en conflit, casse, vandalisme. Il y a, heureusement, toujours des voix sages, des deux côtés, qui appellent à la raison. Mais, malheureusement, elles sont noyées dans le vacarme de la folie destructive et autodestructive. Elles deviennent inaudibles. Quand la passion subjective prend le dessus, la raison s'aliène. Dès lors, seule la force peut s'interposer pour, au nom de la loi de la République, séparer les deux belligérants et imposer le respect de l'ordre. Police et gendarmerie sont dépêchées sur les lieux pour mettre un terme aux affrontements, par tous les moyens légaux et en toute impartialité. Car, s'ils entendent la faire respecter, les représentants de la loi se doivent d'être les premiers à s'y conformer. Autrement, ils ne feront qu'aggraver la situation déjà explosive. Mais la main de fer ne peut aplanir tous les différends ni effacer d'un revers une belligérance dont les racines plongent dans l'histoire tumultueuse des deux communautés entre lesquelles les relations ont de tout temps été conflictuelles. Le gant de velours doit habiller cette forte poigne, et il est aussi nécessaire qu'elle. Le politique a son rôle et sa mission dans le dénouement de cette crise. Il ne s'agit pas de débloquer des budgets pour booster l'économie locale ni de lancer des appels au calme. Les deux «remèdes» ont déjà été appliqués sans pour autant produire les résultats escomptés. L'action de l'Etat et de ses démembrements locaux doivent désormais se porter autant sur le traitement du mal que ses manifestations. Main de fer, gant de velours. Il faut extirper tous les semeurs de troubles et soutenir tous les pacifistes. Car, si Ghardaïa a toujours connu des feux de paille qu'on peut circonscrire, aujourd'hui, des apprentis-sorciers soufflent sur les mofettes pour allumer un brasier. La manipulation et la récupération sont dans l'air. La Toile et les médias peuvent en être, sciemment ou inconsciemment, les porte-voix. H. G.