La vallée du M'zab est de nouveau en proie à des incidents meurtriers. La violence caractérise désormais cette région autrefois paisible, et la cohabitation entre les deux communautés, Mozabites et Chaambas, semble remise en cause. Ni les pouvoirs publics ni les notables ne semblent en mesure d'apaiser la tension qui règne à Berriane depuis quelque temps. Autres temps, autres mœurs. Des émeutes éclatent régulièrement dans cette contrée où la société était un exemple d'organisation. Les jeunes se démarquent des anciens qui ont de tout temps obéi à une hiérarchie dans la gestion des affaires des deux communautés, et qui ont vécu en parfaite harmonie. Une harmonie qui semble voler en éclats au moment où la nouvelle génération brandit des considérations religieuses et sociales et s'affronte à mort. Qu'importe les causes des incidents qui ont éclaté vendredi à Berriane. L'enquête le révèlera peut-être un jour. Ce qui est surprenant et désolant à la fois, c'est cette propension à recourir à la violence et à semer le chaos et la mort dans une région connue pour être structurée et réglée comme une montre depuis des siècles. Les fissures sont visibles, les notables, qui faisaient office d'autorité, n'arrivent plus à se faire entendre et il semble bien que cette autorité soit en train d'être déniée par les jeunes qui tiennent désormais à se faire justice, quitte à provoquer le chaos. Des jeunes qui ruent dans les brancards au moindre prétexte, faisant ainsi le jeu de ceux qui soufflent sur la mèche. Voudrait-on croire que ces incidents sont fortuits qu'on ne le pourrait pas. Il est difficile de se convaincre que les dissensions entre les deux communautés ne sont pas mises à profit par quelque partie obscure. De toute manière, manipulation ou pas, la cassure entre les Mozabites et les Chaambas semble consommée. Depuis l'affrontement intercommunautaire de 1885, échauffourées et batailles rangées y sont devenues monnaie courante. Comme cela s'est passé en mars de l'année écoulée, lorsqu'un jet de pétard a dégénéré, les affrontements qui opposent les deux communautés depuis vendredi dernier sont d'une rare violence. Un adolescent jeté du haut d'une terrasse, des maisons incendiées alors que leurs occupants y étaient encore, une haine qui en dit long sur les raisons du rejet des uns et des autres. Il faut croire que le mal est profond et qu'il n'a pas été attaqué à la racine, à partir du moment où l'affrontement est devenu le seul échange entre les deux communautés. R. M.