Les infrastructures hospitalières constituent des espaces où les malades courent un risque de contracter une infection. Les blocs opératoires et les services de réanimation sont les principaux nids d'incubation des germes et de contamination des patients. Selon une étude réalisée il y a quelques années par un CHU de la capitale, les infections de plaies opératoires sont les plus fréquentes avec un taux de 35,4% de l'ensemble des infections. Un taux très élevé en comparaison avec ceux des pays occidentaux où des études sont réalisées régulièrement en vue de lutter de manière efficace contre ce type d'infections, et même avec certains pays du continent africain dont les études font ressortir une baisse progressive de la prévalence des infections post-opératoires (de 33,8% à 10,52%). Mais les enquêtes à ce sujet sont rares dans les pays en développement -ce qui contribue à leur fréquence- contrairement aux pays d'Europe et des Etats-Unis où «la surveillance et la lutte contre cette catégorie d'infections est une réalité vivante» tel qu'il est énoncé dans une étude africaine. Pourtant, ces infections constituent un problème de santé publique et représentent la 1re cause de mortalité et de morbidité en chirurgie. Les sujets les plus à risque sont les nourrissons et les personnes âgées, mais le manque d'hygiène (une mauvaise aseptisation des lieux et des instruments) est un facteur important dans la prévalence des infections post-opératoires, notamment dans notre pays où l'insalubrité caractérise les infrastructures hospitalières. Les autorités sanitaires semblent incapables d'en réduire la fréquence à travers la lutte contre les facteurs de risque, et contre les infections nosocomiales en commençant par cerner ce problème par le biais d'études sérieuses et par l'implication de la corporation médicale. Les deux (aussi bien les autorités sanitaires que la corporation médicale) ont tendance à sous-estimer les risques d'infection, au lieu de faire de la lutte contre celles-ci leur cheval de bataille. La preuve est que nos hôpitaux ne font pas bon ménage avec l'hygiène. Les services (notamment les urgences) et les couloirs ne sont jamais exempts de déchets liés aux soins, médecins et infirmiers s'en lavent les mains (nombre d'entre eux sont pourtant à l'origine d'une telle insalubrité), eux qui sont également les cibles des infections nosocomiales. L'anarchie qui y règne, la grande affluence quotidienne et les visites qui n'en finissent pas d'exacerber l'absence de propreté des établissements de santé. R. M.