Nonobstant le fait que depuis quatre ans 100 000 vaches laitières ont été importées pour renforcer la filière lait, ce qui a permis de doubler la production nationale de lait cru pour atteindre 3,4 milliards de litres à la fin de la campagne 2012-2013 contre 3,2 lors de la précédente, il n'en demeure pas moins que le pays a continué d'importer de la poudre de lait en grande quantité. En témoigne les derniers chiffres du Centre national de l'information et des statistiques (Cnis) des Douanes algériennes. Le Cnis indique en effet que les volumes acheminés en 2012 et 2013 on été respectivement de 280 010 tonnes et 245 335 tonnes. Mais cette petite baisse du tonnage importée ne s'est pas répercutée sur la facture d'importation, dans la mesure où tout au long de l'année 2013 les cours à l'international de la poudre de lait n'ont cessé de grimper. Qu'on en juge : elle a enregistré une augmentation de l'ordre de 15 à 20% toute l'année 2013. Pour le détail la hausse était de 10% durant les neuf premiers mois de l'année 2013 et de terminer l'année avec 43% de hausse. D'après des producteurs nationaux de produits dérivés de lait qui se sont prononcés sur la scène médiatique, ils n'ont pas procédé à des augmentations quand la hausse n'était que de 15%. «Mais à 43% de hausse cela devenait impossible de maintenir les mêmes prix sortie d'usine», avait déclaré le patron de la sarl Tchin-lait (Candia). En fait rare sont les producteurs qui n'ont pas revu à la hausse certaines gammes de leur production. Une augmentation qui d'ailleurs n'a pas été du goût des consommateurs. Et comme si cela ne suffisait pas, à cette hausse des prix de certains produits laitiers sur les étals des détaillants est venue s'ajouter depuis le début du mois en cours une pénurie du lait pasteurisé en sachet (LPS). Devant cet état des lieux c'est l'Office national interprofessionnel qui a été ciblé comme principal responsable. «Tous les producteurs de LPS s'approvisionnent chez nous en poudre de lait selon le quota qui leur est imparti sans aucune interruption et nous allons continuer à le faire puisque nous disposons d'un stock d'approvisionnement de six mois», a fait savoir à la radio le premier responsable de l'Onil. Du côté des centrales laitières on admet que l'Office respecte ses engagements de leur fournir la matière première (poudre de lait) selon le quota qui leur est imparti et un planning de livraison fixé entre les deux parties. Alors si ce n'est pas l'Onil, ni les centrales laitières, où réside le maillon faible dans le circuit de production et commercialisation du LPS ? «C'est bien sûr dans la distribution que le bât blesse», nous ont fait savoir des détaillants. Toujours selon ces derniers, les distributeurs n'en font qu'à leur tête sans respect aucun du consommateur. «En clair c'est un dysfonctionnement flagrant qui règne dans le circuit de la distribution», nous ont fait savoir des détaillants. Certains distributeurs que nous avons pu interpeller sur la question nous ont dit que les quantités de lait qu'ils leur sont livrées auprès des centrales laitières publiques ne sont pas toujours les mêmes. «Parfois on nous impose une quantité minime que l'on essaye de partager entre quelques détaillants. Comme ils nous arrivent aussi de faire un choix : de livrer les quartiers à tour de rôle». Il faut rappeler dans la foulée que cette situation de pénurie de LPS au niveau des points de vente au détail n'est pas nouvelle puisqu'elle intervient chaque année. Une tension conjoncturelle qui pourtant peut être évitée si l'on en croit des experts en matière de production laitière. Selon certains de ces derniers, cette situation va encore perdurer tant qu'on ne développe pas en amont un système de production intensif. «Une option qui pourrait nous libérer de notre dépendance vis-à-vis de la poudre de lait», nous ont-ils affirmé. Comme ils suggèrent enfin que cesse cette politique d'extension des capacités de transformation car la bataille réside, d'une part, dans l'intensification de la production laitière en amont et, d'autre part, dans la mise en place d'un dynamique d'intégration entre l'industrie et les exploitations laitières. Cela est d'autant plus impératif quand on sait que la demande nationale en lait et dérivés est pratiquement incompressible compte tenu de leur place dans la ration alimentaire des différentes couches de la population, et, à l'évidence, elle ne fera que croître dans les années à venir sous l'effet de la pression démographique. Z. A.