La filière lait connaît peu à peu une certaine évaluation en matière de production grâce surtout aux performances réalisées dans le cadre de la politique de renouveau rural et l'importation prochaine de vaches laitières pour notamment consolider le potentiel de la filière. Le directeur général de l'ONIL avait récemment annoncé à la Radio nationale un accord signé avec l'association française Bretagne International qui porte sur le développement du secteur en question, soit un projet de 5,7 millions d'euros afin d'arriver à des prévisions estimées à 700 millions de lait cru en 2012. Soulignons que 560 millions litres de lait cru ont été collectées en 2011 pour, précise-t-on, une production évaluée à 42%, soit 1,4 milliard de litres sachant que l'Algérien consomme en moyenne 120 litres par an contre 85 litres pour les Tunisiens et seulement 65 pour les Marocains. Sur le plan de l'importation de la poudre de lait, l'état avait dégagé une enveloppe de 40 milliards de dinars, tout en mettant fin aux perturbations dans la distribution qui avaient touché plusieurs localités et régions du pays auparavant avec un plan de stockage de poudre de lait importée qui reste d'ores et déjà suffisante pour couvrir la demande du marché intérieur jusqu'à presque la fin de l'année 2012. Durant ces 4 derniers mois, la production nationale avait atteint 1,43 milliard de litres où les wilayas productrices, à savoir Sétif, Tizi Ouzou, Bordj Bou Arréridj, Sidi Bel Abbès, Tlemcen, Souk Ahras et Batna avaient produit près de 54% de la production globale. A l'est du pays, à l'exemple de la wilaya de Souk Ahras qui possède une seule unité de production traitant ainsi 40 000 litres par jour, quelque 34 millions de litres collectés ont été transférés vers les unités de Guelma, Annaba, Skikda et El-Tarf. Le cheptel bovin de cette wilaya compte 87 600 têtes dont 12 100 vaches hybrides et 29 000 de races locales pour 5 000 éleveurs dont 2 100 intégrés au programme de collecte de lait, révèlent les services agricoles de la wilaya. L'Etat prévoit une importation de 25 800 vaches laitières afin de pouvoir assurer l'arrêt des importations de lait qui coûtent au pays 700 millions de dollars par an. En Algérie, la production laitière qui est estimée à près de 2 milliards de litres par an est principalement le fait de l'élevage bovin laitier qui notamment oscille entre les 1,2 et 1,4 million de têtes. Durant la période allant de 1983 à 1997, il y a eu une chute de 24 % des effectifs bovins passés à 1 255 000 têtes et avec le plan national de développement agricole et rural PNDRA lancé par le gouvernement en 2000. Celui-ci avait plus ou moins pu surmonter les grosses contraintes liées à la production laitière et au développement de l'élevage bovin. Les pouvoirs publics ont accordé plusieurs facilités financières pour secourir le secteur qui était déjà en souffrance en octroyant des primes d'incitation à la production fixée à 7 DA le litre et une prime à la collecte du lait cru de 4 DA par litre. Certainement des résultats encourageants furent enregistrés dans de nombreuses unités de transformation mais sur le terrain, la facture des importations par l'Etat reste tout de même élevée, nous indiquent certains professionnels du secteur. La filière laitière : un créneau rapporteur Les consommateurs de la région d'Annaba et d'El Taref ont trouvé très choquant le prix du lait en poudre qui est passé de 10 à 30 DA la boîte, à savoir Candia, Gloria, Loya et autres marques chez des détaillants qui renvoient la balle aux grossistes. L'Etat algérien avait mobilisé depuis ces dernières années de gros moyens financiers dans le but de réduire la facture des importations en lait et dérivés qui avait atteint, informe-t-on, 1,28 milliard de dollars en 2008 alors qu'en 2009 elle était de l'ordre de 862 millions de dollars. Un recul dû à la baisse du prix international de la matière première. En 2009, l'Algérie avait importé 121 000 tonnes de poudre de lait alors qu'en 2010, la facture des importations des produits laitiers avait été de 52 millions de dollars. L'office national interprofessionnel du lait chargé de faire la répartition des quotas de poudre de lait importée de l'Allemagne ou de l'Italie par les pouvoirs publics au profit d'une centaine de laiteries du pays distribue selon des professionnels de la filière une grosse part à ceux de l'Algérois alors que cette filière compte 13 000 éleveurs, 129 laiteries et 650 collecteurs. L'Etat, indique-t-on, accorde des subventions directes pour encourager la production laitière de 21DA/ litre distribués entre l'éleveur (12 DA), le collecteur (5 DA) et le transformateur (4 DA). Or, les dérivés du lait notamment les crèmes glacées, les yaourts et autres dérivés comme les fromages qui sont préparés à base de lait déjà soutenu par l'état ne peuvent avoir un autre soutien. Ces dérivés qui ont été lancés par des grandes laiteries comme Soummam, Danone, Yoplait, Hodna et autres. Le marché algérien, qui est vraisemblablement dominé par la marque Soummam détenant plus de 45 % des parts du marché contre 23% pour Danone, indique-t-on. A cet égard, il faut savoir que les services du ministère de l'Agriculture ont fait état d'une production globale de 2,6 milliards de litres de lait cru attendue à la fin de 2010, soit une croissance de près de 15% par rapport à 2009. Toute laisse à penser que la poudre de lait distribuée en quantité insuffisante aux producteurs et transformateurs avait déjà causé une réelle insuffisance selon plusieurs commerçants dans la distribution du lait en sachet et une pénurie à travers plusieurs régions de l'est du pays alors que l'Etat a accordé à cette filière très importante une subvention de l'ordre de 12 milliards de dinars. Un potentiel important de transformattion Pour le marché de la transformation, Candia Algérie, issue du partenariat de la société française et l'ancienne entreprise de soda Tchin Tchin, détient la plus grosse part, produisant ainsi 200 000 litres par jour. Les collecteurs aussi font beaucoup d'efforts pour faire durer l'activité comme le cas d'un collecteur de lait de vache qui sillonne avec sa camionnette citerne la région de Mila , Sidi Merouane et Aïn Beida afin de rassembler chez une quinzaine d'éleveurs près de 500 litres de vache qu'il livre à l'unité Grouz. A ce titre, il faut noter qu'une bonne vache peut donner 20 litres par jour, sa ration d'aliments avoisine les 4 quintaux par mois. Concernant les produits laitiers, le groupe Giplait, qui dispose d'une capacité de production de 30 millions de litres de lait pasteurisé et de 600 000 litres de lait fermenté, domine le marché, son complexe fromager de Draâ Ben Khedda est l'important producteur de produits laitiers dans la wilaya de Tizi Ouzou. Il produit le célèbre camembert le Tassili qu'on trouve partout dans le pays. Le marché du fromage est dominé par quelques marques aussi, notamment la Vache qui rit, le Berbère, le Tassili et la Jeune vache ainsi que qu'une minorité de fabricants de Constantine alors que le marché du yaourt en Algérie appartient à Danone, Soummam, Yoplait et Trèfle, révèle-t-on.