Le poisson de mer étant devenu cher pour le simple consommateur ces dernières années, le poisson issu de l'aquaculture peut constituer une alternative à cela, pensent les responsables du secteur, qui multiplient les efforts pour faire de cette culture une réalité. Mais comme la spéculation est devenue légion en Algérie et dans de nombreux secteurs, notamment celui de la consommation, ce poisson risque de devenir aussi inaccessible que la majorité des produits, qui connaissent des envolées cycliques de leurs prix. A ce paramètre s'ajoute celui du goût. En effet, le poisson d'aquaculture élevé en eau douce a un goût différent de celui pêché en mer qui, lui, fait partie des habitudes de consommation du consommateur algérien, ce qui joue en défaveur du poisson d'eau douce, du moins au début, car, avec le temps, il a toutes ses chances de devenir un produit de large consommation. Ce poisson d'eau douce n'est pas encore commercialisé à grande échelle. En attendant ces jours fastes où il deviendra un met prisé par le consommateur algérien, des initiatives pour sa transformation sont lancées, mais elles sont encore à leurs premiers balbutiements. Comme la production aquacole n'est qu'à ses débuts et que les perspectives sont prometteuses, des efforts sont consentis par les pouvoirs publics pour rendre accessible ce produit aux protéines indispensables à la santé, en remplacement du poisson pêché devenu un luxe pour les bourses moyennes. Des fermes aquacoles sont créées à travers différentes régions du pays pour l'élevage de poissons d'eau douce, et des investisseurs sont de plus en plus intéressés par cette filière à la faveur des mesures incitatives mises en place. D'ailleurs des campagnes d'information et de sensibilisation sur cette filière et les opportunités qu'elle offre sont régulièrement organisées au niveau national et local pour informer sur son importance. C'était le cas au début du mois en cours dans la wilaya de Boumerdès, où s'est tenue une rencontre, au port de pêche de Cap Djinet, sur les opportunités d'investissement offertes par les filières de la pêche et de l'aquaculture qui a attiré de nombreux jeunes et professionnels du secteur désirant investir dans ce domaine. Plusieurs projets ont fait leurs preuves, à l'exemple de la ferme d'Azeffoun, dans la wilaya de Tizi Ouzou, entrée en production avec une capacité annuelle de 1 250 tonnes de loup de mer et de daurade, en plus de deux autres fermes de conchyliculture marine d'une capacité de production de 100 tonnes d'huîtres et de moules par an. Rien que pour l'année 2012, 156 projets d'aquaculture devaient être lancés pour s'ajouter aux 20 premiers, qui ont été une réussite. Dans les zones côtières, il s'agit de la mise en place de cages flottantes, «une méthode peu coûteuse par rapport à l'élevage en bassin, qui est beaucoup plus cher et avec des délais de réalisation trop longs», selon les experts. Un autre exemple de réussite dans ce domaine, la ferme pilote d'élevage de crevettes de Skikda, un projet qui a été lancé en 2009 et chapeauté par le Centre national de recherche et de développement de la pêche et d'aquaculture de Bou Ismaïl (Tipasa). S'étendant sur une superficie de 15 hectares extensibles, ce projet a nécessité un investissement en partenariat d'un coût, réparti, respectivement de 210 millions de dinars pour l'Algérie et 2,3 millions de dollars représentant la contribution du partenaire sud-coréen. Cette ferme a fait clore en avril dernier 100 géniteurs importés d'Egypte ayant donné 300 000 alevins en phase d'engraissement dans cinq bassins, dans de très bonnes conditions. Considérée comme l'un des projets stratégiques engagés dans le cadre d'un partenariat entre l'Algérie et la Corée du Sud, la ferme, entrée en service en 2011, est appelée à contribuer au développement de l'aquaculture dans cette wilaya. La production qui était attendue à la fin de l'année 2013 devait être de quatre tonnes de crevettes dites «japonaises». En 2012, c'était 500 kg de crevette locale (Matsagoune) qui ont été produits. Ayant réussi cette expérience, cinq projets pour la création de fermes aquacoles sur la plage de Collo, à Tamanart et dans le bassin du barrage de Kénitra sont inscrits à la direction de la pêche de la wilaya. L'aquaculture devrait assurer une production de 70 000 à 80 000 tonnes par an D'autres projets sont en cours, en partenariat avec des étrangers, comme c'est le cas de la future ferme de crevetticulture située dans la commune de Hassi Ben Abdallah, dans la wilaya de Ouargla. D'une capacité annuelle de 10 à 20 tonnes ce projet a été lancé en mai dernier et les travaux confiés à l'entreprise sud coréenne Halla, avec le concours d'entreprises algériennes privées. La partie étrangère qui a accordé six (millions de dollars pour la construction et l'équipement de cette ferme pilote de crevetticulture s'engage à former des chercheurs algériens en Corée et envoyer des experts coréens afin de les assister. L'investissement dans l'aquaculture ambitionne donc d'assurer, entre autres, la sécurité alimentaire et de répondre à la demande croissante du consommateur en matière de poisson. Il faut rappeler que sur une biomasse estimée à 600 000 tonnes, le stock pêchable ne dépasse pas les 220 000 tonnes/an. Mais l'Algérie ne produit, en moyenne, que 110 000 tonnes annuellement. C'est pourquoi, et pour préserver cette ressource et répondre à la demande croissante de poisson, les pouvoirs publics mettent le paquet sur l'aquaculture qui devrait assurer une production de 70 000 à 80 000 tonnes par an dans les cinq prochaines années. «Au niveau mondial, un poisson sur deux provient de l'aquaculture. En Algérie, et selon le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, «il y a des possibilités de développer l'aquaculture marine» en mettant l'accent sur «la nécessité d'accompagner les opérateurs qui veulent investir dans ce domaine». Tout récemment une convention a été justement signée entre les ministères de Travail et de la Pêche et vise la mise en place d'un cadre de concertation et de partenariat pour la promotion de la microentreprise dans le secteur de la pêche et de l'aquaculture et la diffusion des informations liées aux dispositifs Ansej (Agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes) et Cnac (Caisse nationale d'assurance contre le chômage). Beaucoup d'opportunités sont justement offertes aux promoteurs, qu'ils soient jeunes ou professionnels dans le domaine de l'aquaculture. En plus des fermes aquacoles, un début d'investissement dans le domaine de la transformation du poisson d'eau douce est relevé. Selon les chiffres du ministère du Travail, plus de 1 000 projets ont été financés par l'Ansej et la Cnac dans le secteur de la pêche et de l'aquaculture ayant permis la création de 4 730 emplois avec un montant d'investissement de plus de 6,3 milliards de dinars. B. A.