La récession de l'économie mondiale pourrait durer des années. Ce sont là les propos du futur président de la première puissance mondiale, Barak Obama. Ce dernier a promis une réduction d'impôts de 1 000 dollars aux familles américaines pour enrayer la récession. Une première aux Etats-Unis. Mais Obama promet plus car les baisses d'impôt doivent représenter 40% du plan de relance dont le montant total pourrait atteindre 775 milliards de dollars. Ce montant, estime-t-on, ne pourra qu'alourdir un déficit budgétaire qui devrait déjà atteindre la somme record de 1 200 milliards pour l'exercice en cours. Quoi de plus grave ? Si la première puissance mondiale est déjà dans le bourbier, le reste du monde ne serait pas loin du chaos. Les signes de gravité se multiplient partout dans le monde également. Le taux de chômage dans la zone euro est monté à 7,8% en novembre dernier, son plus haut niveau depuis presque deux ans. En Espagne, le nombre de chômeurs a franchi le cap de trois millions, soit un million de plus qu'il y a un an. En Allemagne, première économie de la zone, les exportations, traditionnel moteur de l'économie, ont plongé, en novembre, sous l'effet du ralentissement de la demande. L'Irlande a subi un nouveau coup dur, l'informaticien Dell ayant décidé de délocaliser, en Pologne, sa production locale, supprimant 1 900 postes d'emploi dans l'île. Au Japon, le groupe technologique TDK a annoncé la suppression de quelque 8 000 emplois à l'étranger. Le constructeur automobile Nissan Motors va supprimer 1 200 emplois dans son usine anglaise de Sunderland. Le chinois Lenovo veut réduire ses effectifs de 11%, soit environ 2 500 emplois. Le système bancaire souffre toujours. Plusieurs Etats sont obligés de venir au secours des banques de manière plus importante que prévu. La Banque d'Angleterre a déjà adopté, jeudi dernier, le taux directeur le plus bas de son histoire, avec une baisse d'un demi-point à 1,5%. La deuxième banque allemande, Commerzbank, a été partiellement nationalisée à hauteur de 25%. Les banques françaises qui en font la demande pourront bénéficier d'un nouveau prêt de l'Etat de 10,5 milliards d'euros d'ici à la fin du premier trimestre, ce qui porterait à 21 milliards l'aide publique en fonds propres. Les Bourses mondiales ont été également ébranlées par ce climat délétère. Le Dow Jones a cédé 0,31%, Francfort 1,17%, Paris 0,65%, Londres 0,05% et Tokyo 3,93%. Les prix du pétrole ont poursuivi leur déclin à New York, où le baril a fini à 41,70 dollars hier. Les dirigeants français et allemand ainsi que l'ex-Premier Ministre britannique, Tony Blair, ont appelé, jeudi dernier, à un élargissement du G8 aux pays émergents et à une plus grande collaboration entre Etats pour mieux réguler le capitalisme et éviter de nouvelles crises. Dans ce sillage, une réunion des ministres des Finances et des banquiers centraux sera organisée le 13 ou le 14 février prochain. Angela Merkel, la chancelière allemande, a suggéré la création d'un «conseil économique» mondial aux côtés du Conseil de sécurité de l'ONU, lors d'un discours prononcé à l'ouverture, jeudi dernier à Paris, d'un colloque sur les voies de régulation du capitalisme. Elle est également favorable pour l'établissement d'une «charte pour une économie à long terme raisonnable», à l'image de la charte des Nations unies sur les droits de l'Homme. Il semblerait que la crise économique opère un autre virage qui ne dit pas son nom. Le temps nous le dira… S. B.