Que la hausse régulière des prix des fruits et légumes relève de l'incapacité des producteurs à assurer une offre suffisante, selon l'argument du ministre du Commerce, Mustapha Benbada, ou qu'elle découle de l'absence d'une régulation du marché, comme soutenu par le ministre de l'Agriculture, Abdelwahab Nouri, cela importe peu au consommateur algérien, l'essentiel pour lui étant que la barre des prix continue de monter très haut malgré toutes les promesses et les engagements. Mustapha Benbada peut bien reprocher à Abdelwahab Nouri le caractère saisonnier de l'agriculture algérienne qui, avec la faiblesse des capacités de stockage, empêche l'offre de monter à la hauteur de la demande, et Abdelwahab Nouri de rétorquer que la cause principale de la situation est plutôt l'incapacité des services de son homologue à mettre en place un système de régulation performant, le résultat reste le même : ce sont les pouvoirs publics qui ont failli à leurs engagements, et c'est le consommateur qui, au final, est sommé de se sortir du pétrin alimentaire. Et comme si ces hausses hallucinantes (à Oran, la courgette a atteint le pic de 260 DA le kilogramme et le poivron 200 DA) ne suffisaient pas, voilà que le lait et les produits laitiers se mettent de la partie pour enfoncer davantage le consommateur dans la difficulté. Et souligner l'échec du gouvernement dans sa volonté -annoncée voilà bien des années- de mettre en place un marché réglementé. Depuis des années, en effet, les responsables du gouvernement s'évertuent à rassurer les citoyens en promettant l'avènement prochain d'un marché régulé et bien encadré qui les mette à l'abri des barons de la spéculation. Mais les faits ont démontré que toutes les mesures prises pour contrôler les pratiques commerciales, protéger les consommateurs, équilibrer l'offre et la demande se sont avérées vaines, et que le consommateur continue d'être saigné à blanc. Un échec que beaucoup d'Algériens attribuent autant à la puissance de circuits occultes qui continuent de jouer impunément avec les prix comme avec les nerfs des consommateurs, qu'à la mollesse de l'Etat qui n'arrive pas à restaurer son autorité. La guerre larvée qui semble s'être déclarée entre le ministre du Commerce et son collègue de l'Agriculture importe donc très peu dans la mesure où la tendance haussière est constatée depuis plusieurs années et ne se limite plus aux fruits et légumes : tous les produits de large consommation sont touchés et rien ne semble pouvoir mettre un terme à cette effroyable situation. S. O. A.