Le manque de main-d'œuvre qualifiée dans le secteur de l'agriculture ne date pas d'hier. En fait, cette carence n'arrête pas de s'accentuer depuis quelques années, au point où la demande en la matière se fait de plus en plus criarde. Elle met ainsi en difficulté les patrons de moyennes et grandes exploitations, notamment pendant la période d'élagage et de greffage des arbres fruitiers, lorsque la récolte doit se faire impérativement, et lors de la période de maturation des jeunes pousses quand il s'agit des cultures maraîchères. Il suffit, en effet, de se rendre sur les exploitations pendant les périodes où l'intervention des gens de métiers et autres est nécessaire, pendant le cycle de végétation, pour se rendre compte à quoi sont confrontés les exploitants agricoles. Un de ces derniers, que nous avons pu rencontrer sur ses 100 hectares de vergers, sis à Sidi Moussa dans la wilaya d'Alger, nous a expliqué qu'il a été contraint de retarder l'opération d'élagage alors que la période propice, fin janvier, va bientôt se terminer. «Ce report peut avoir un impact négatif sur la maturation des bourgeons. C'est pourquoi cela me rend aussi inquiet si, d'ici la fin de ce mois, mes arbres fruitiers ne sont pas élagués», nous a-t-il expliqué. C'est aussi le même cas de figure dans d'autres zones du pays, où les exploitants agricoles ratissent large pour dénicher le nombre d'élagueurs professionnels qui leurs sont nécessaires pour être dans les temps propices à ce genre d'opération sur les arbres fruitiers. «C'est la même inquiétude quand il faut greffer les arbres fruitiers. Une opération qui doit se faire que par des greffeurs professionnels, sinon les arbres mal greffés ou mal élagués ne donneront jamais de bons rendements», nous ont appris nos interlocuteurs. Et de nous faire savoir que «les bons greffeurs et les bons élagueurs sont devenus difficiles à trouver. La rareté de ces deux catégories professionnelles a fait que leurs offres de services sont chaque année revues à la hausse. Nous nous retrouvons donc contraints d'accepter leurs tarifs». C'est pareil lors de la période des récoltes, «nous nous retrouvons parfois à chercher de la main-d'œuvre dans les cafés. Chose qui n'est pas en notre faveur puisque les jeunes et moins jeunes que nous sollicitons savent pertinemment que nous n'avons pas d'autre choix que de nous soumettre au barème de prix qu'ils ont fixé. En clair la discussion tourne autour du prix qu'ils demandent par cageot récolté ou par périmètre cueilli», s'offusquent des représentants de filières agricoles que nous avons rencontrés dernièrement au siège de la Chambre nationale de l'agriculture, sis à Alger. Cela dit il faut croire, suite aux déclarations de nombreux exploitants agricoles, que si le secteur ne connaît pas une meilleure prise en charge de la problématique de la formation dans les métiers de l'agriculture et leur vulgarisation, il fera face à un sérieux handicap. Nouvelle stratégie dans la formation aux métiers de l'agriculture Du côté du ministère de tutelle, tout porte à croire que le volet formation est devenu une priorité depuis que dans ce département on a enfin compris que les besoins induits en personnels qualifiés dans le secteur sont à la charge de l'appareil de formation agricole. Dans ce contexte le ministère, et pour aller vite en besogne, a, ces deux dernières années, signé des conventions avec le ministère de la Formation et de l'Enseignement professionnels. Des conventions qui vont assurer aux jeunes qui le désirent la formation dans les métiers de l'agriculture. Il faut aussi rappeler dans la foulée que le ministère de la Formation et de l'Enseignement professionnels s'est grandement investi dans cette démarche puisqu'il a été enregistré la création dans nombre de ses centres la mise en place de cycles de formations dans diverses spécialités relatives au secteur de l'agriculture. C'est pour dire qu'à travers ces conventions signées entre les deux ministères on a recherché avant tout à proposer aux jeunes postulants un large éventail de spécialités histoire de les encourager à intégrer le secteur de l'agriculture. Une stratégie dument étudiée dans la mesure où, et cela est un secret polichinelle, les métiers de l'agriculture n'ont pas enregistré d'engouement chez les jeunes. Un constat qui s'explique, entre autres, par le fait que de nombreux jeunes, à la recherche de formations, sont convaincus que beaucoup d'emplois agricoles sont proposés dans un cadre informel, non rémunérés comme il se doit, non ou maladroitement encadrés. Autant de facteurs dissuasifs qui font que, souvent, les centres de formation se sont retrouvés avec des effectifs réduits ce qui a entraîné parfois la fermeture de centres de vulgarisation agricole. Aujourd'hui, on peut croire que chez beaucoup de nos jeunes la vision qu'ils ont sur les métiers de l'agriculture est différente de ce qu'elle était. Un changement d'approche qui résulte du fait que la formation soit sortie de son carcan classique, archaïque, pour passer à un niveau de modernité qui va finir par convaincre les plus sceptiques de nos jeunes en quête de créneaux de formation. C'est du moins ce qui est attendu, dès lors où le dernier recensement général de l'agriculture a dévoilé que la population agricole qualifiée ne cesse de vieillir alors que la relève n'est pas assurée dans beaucoup de spécialités. Z. A.