Pillage des richesses du peuple sahraoui, rôle de la France dans le maintien de la colonisation marocaine des territoires sahraouis et campagnes médiatiques du royaume chérifien contre le front Polisario et l'Algérie, sont autant de sujets abordés hier par le représentant du peuple sahraoui auprès des institutions européennes Mohamed Sidati, à l'occasion de l'entretien qu'il a accordé à l'agence de presse algérienne APS. Selon le responsable sahraoui, son peuple est en droit de réclamer une réparation à l'Union européenne (UE). Une compensation en contrepartie du pillage de ses richesses, notamment l'accord de pêche conclut par l'UE avec le Maroc, incluant «illégalement» les eaux territoriales du Sahara occidental sur lesquelles il n'a aucune souveraineté, a affirmé M. Sidati. «Les Sahraouis sont en droit de demander réparation à l'UE et nous resterons déterminés pour invalider cet accord de pêche. Nous allons plaider à tous les niveaux et user de tous les recours pour annuler cet accord illégal et inadmissible», a déclaré le responsable sahraoui. Le représentant du Front Polisario a expliqué que les Sahraouis, avec l'apport d'ONG internationales et d'imminents juristes, «continueront à se battre» pour démontrer «le pillage, la destruction des fonds marins et la surexploitation». «Nous continuerons à nous battre pour démontrer ce qui se fait avec le soutien de l'UE, les opérations de pillage des ressources d'un peuple qui lutte pour sa dignité et victime de répression», a-t-il souligné. L'accord de pêche reconduit par l'UE après l'avoir suspendu pendant plusieurs années, a été contesté par beaucoup d'eurodéputés et avait buté sur la question du respect des droits de l'Homme dans les territoires occupés, «si ce n'est le forcing des Espagnols», a-t-il noté. «Des pays comme l'Allemagne, la Suède, les Pays-Bas et bien d'autres» se sont distingués par leur refus de cet accord et d'autres pays avaient hésité lors des tractations. 270 eurodéputés l'avaient rejeté, et au niveau de la commission, le document est passé in-extrémis. M. Sidati a tenu, cependant, à relever le paradoxe prévalant dans les positions du Parlement européen (PE) puisque l'accord de pêche a été reconduit au même moment de l'adoption du rapport Tannock sur la situation des droits de l'Homme au Sahara occidental, précisant que «tout milite pour l'annulation pure et simple de cet accord illégal». «L'accord stipule clairement qu'il y a nécessité de respect des droits de l'Homme et qu'il peut être suspendu s'il y a constatation de violation de ces droits, or nous avons attiré l'attention de la communauté internationale qu'il y a effectivement violation grave des droits de l'Homme dans les territoires occupés», a ajouté M. Sidati. Evoquant le rôle de la France dans le règlement du conflit sahraoui, le représentant du Front Polisario a estimé que le conflit au Sahara occidental «aurait été réglé depuis longtemps si ce n'est l'attitude de la France», qu'il a qualifiée de «soutien quasi aveugle aux thèses expansionnistes marocaines». M. Sidati a invité à cette occasion «la France à soutenir la légalité internationale». Le responsable du Front Polisario a émis le souhait de voir la France arriver à la conclusion que «les droits inaliénables du peuple sahraoui ne peuvent être ignorés ou contournés» et apporter sa contribution pour aider à éteindre un foyer au sein de cette région qui fait face à de nouveaux défis, notamment la lutte contre le terrorisme, le banditisme, la lutte contre les trafics. «Nous voudrions croire qu'après tant d'épreuves des Sahraouis, il y aura une évolution dans la position française. La France a tout intérêt à ce que les droits du peuple sahraoui soient respectés», a soutenu M. Sidati, précisant que cela dépend de la volonté «des décideurs français». Il a indiqué qu'il est temps de parvenir à une paix au Maghreb car le partenariat entre le grand Maghreb, auquel aspirent les peuples de la région, et l'UE dont fait partie la France, passe «nécessairement par la résolution du conflit au Sahara occidental sur la base du droit international». Concernant les campagnes médiatiques marocaines qui visent aussi bien le Front Polisario que l'Algérie, M. Sidati a «déploré le recours à la propagande mensongère» pour faire diversion sur l'échec de la politique marocaine et son désaveu sur le plan international. Selon lui, le Royaume marocain tente de «réduire l'importance de la résistance et son ampleur» ainsi que donner l'impression que le conflit est une question «bilatérale» entre le Maroc et l'Algérie. M. N./APS