Les syndicats de l'éducation poursuivent cette semaine leur mouvement de grève paralysant ainsi plusieurs établissements des trois cycles (primaire-moyen-lycée). Plusieurs établissements scolaires ont gelé les cours et renvoyé les écoliers tôt le matin, une situation qui risque de durer quelques jours encore, étant donné que les trois syndicats de l'éducation (l'Unpef, le Snapest et le Cnapeste) semblent déterminés à aller au bout de leur protestation jusqu'à obtenir satisfaction de la part de la tutelle. Tôt le matin, les élèves ont été sortis hors de leurs établissements, et pour cause, la grève des syndicats a été reconduite. Des parents d'élèves étaient, eux aussi, devant les portails, prêts à raccompagner leurs enfants. Cela a été le cas de certains CEM et lycées dans la ville de Aïn Taya à l'est d'Alger. Il était environ 9 heures alors qu'une masse importante de collégiens s'était formée aux abords des établissements. «Nous sommes venus comme à notre habitude pour suivre les cours, mais les enseignants nous ont demandé de rentrer chez nous», nous ont déclaré certains d'entre eux, précisant toutefois : «Nous sommes restés dans l'enceinte de l'établissement pendant une heure à la demande de l'administration, puis ils ont commencé à nous faire sortir.» Certains élèves que nous avons rencontrés nous ont confié leur inquiétude face à cette situation qui aura sûrement des répercussions sur leur cursus, celui-ci étant à chaque fois perturbé par des mouvements de protestation. Parmi ces derniers, ceux qui passeront un examen de fin d'année : 6e, BEM et Baccalauréat. Ce débrayage est synonyme de stress et de doute pour ceux qui devront terminer les cours avant les autres. «Je refais ma 4e année actuellement et je passerais mon BEM à la fin de l'année scolaire en cours, et ces grèves ne peuvent que m'angoisser. Si ça continue, nous risquons de ne pas terminer le programme scolaire», nous lance un élève d'un air visiblement inquiet. Cette inquiétude est partagée par tous les collégiens et lycéens que nous avons abordés au niveau de certains établissements au niveau des communes d'El-Harrach, de Hussein Dey et de Bir Mourad Raïs où le débrayage est partiellement suivi. Tous s'indignent face à ce qu'ils considèrent comme de l'irresponsabilité de la part de leurs enseignants alors que ceux-ci en connaissent les conséquences. D'autres établissements n'ont, par contre, pas répondu à l'appel de l'Unpef, celui-ci n'y étant pas ancré selon les enseignants qui ont poursuivi les cours normalement, à l'image de certains CEM à Bordj El Kiffan et d'Alger Centre. Le suivi a été partiel également dans certaines régions du pays, l'Unpef n'ayant pas une représentativité dans tous les établissements et dans toutes les wilayas du pays. A Annaba, l'adhésion au mouvement différait d'un établissement à un autre, le constat était que le débrayage auquel «a appelé l'Unpef n'a pas vraiment mobilisé les enseignants, (...) et si dans certains établissements on a enregistré de forts taux de participation, dans d'autres, et c'est la majorité, le mouvement a été un fiasco». Pour les grévistes, le taux de suivi se situerait autour de 55% des effectifs alors que pour la direction de l'éducation de wilaya, il est de 16%. A Tizi Ouzou, on souligne l'échec du mouvement, les établissements ayant fonctionné normalement selon le constat de notre correspondant. Le même constat a été effectué au niveau de la wilaya de Béjaïa où l'Unpef «est faiblement implanté, alors qu'à Oran, les syndicalistes ont affiché leur satisfaction quant au taux de participation». Le bras de fer engagé entre les syndicats de l'éducation et le ministère aura sûrement des répercussions catastrophiques sur l'année scolaire en cours en termes de rattrapage des cours, mais aussi en termes de résultats, ce qui inquiète les parents d'élèves qui déplorent ces mouvements de grève successifs. Selon eux, il existe d'autres moyens de protestation au lieu de suspendre les cours. «Les syndicats prennent en otage les élèves avec leurs appels successifs à la grève. Ils devraient laisser ces derniers loin des conflits avec la tutelle», nous lance un parent d'élève rencontré devant l'un des établissements. La situation ne risque pas de changer dans les jours à venir étant donné que les trois syndicats (Unpef – Snapest – Cnapeste) sont déterminés à poursuivre leur mouvement de protestation tant que leurs demandes ne sont pas satisfaites. A. K.