Salah Benreguia La vallée du Souf et la cuvette de Ouargla souffrent depuis des longues années du phénomène de remontée de la nappe phréatique. Au cours de la dernière décennie, le niveau piézométrique de la nappe phréatique s'est relevé progressivement. Ce qui a d'ailleurs engendré de graves préjudices sur l'environnement en général et sur l'écosystème en particulier. Les causes de la remontée de la nappe phréatique sont multiples. Globalement, c'est dû, selon Mohamed Chaibi, conseiller auprès du directeur général de l'Office national de l'assainissement, au pompage intensif des nappes profondes à des fins agricoles et pour l'approvisionnement en eau potable des populations. «La première cause est le pompage intensif des nappes profondes à des fins agricoles et pour l'approvisionnement en eau potable des populations dont la quasi-totalité des eaux, après utilisation, est rejetée dans le milieu naturel et alimente la nappe phréatique. Les 'autres causes sont l'absence d'exutoire dû à la planéité du relief qui a rendu délicat l'écoulement gravitaire et a entraîné l'élévation du niveau des eaux de la nappe ainsi que l'absence quasi-totale d'infrastructures d'assainissement dans la wilaya d'El Oued», nous a expliqué M Chaibi lors d'une séance de travail organisée à El Oued au profit de journalistes de la presse nationale. La même source a indiqué également que la remontée des eaux, partant du niveau de la nappe, a donné lieu à la pollution des nappes entraînant l'apparition des maladies à transmission hydrique, à l'augmentation de la salinité, estimée à 10 fois la salinité de la mer, résultat de l'évapotranspiration, cas de Ouargla notamment, à l'affectation du patrimoine phoenicicole (dépérissement des palmeraies) ainsi qu'à l'affaissement de terrains et effondrement de bâtis. En effet, la remontée de la nappe phréatique, qui provoque la dissolution des sels et d'autres minéraux, ainsi que l'érosion des sols, est à l'origine d'affaissements de terrains à travers les régions de Oued Souf et de Ouargla. Parmi les conséquences de ce phénomène les surcoûts dans la réalisation des infrastructures induits par la fragilité des sols qui nécessitent des techniques de confortement et l'utilisation de matériaux spéciaux (ciments HTS). Ce phénomène qui a nécessité une sérieuse prise en charge a été, ces dernières années, l'une des principales préoccupations du ministère de Ressources en eau. Il s'agit, comme résultat souhaité, de doter ces deux villes d'infrastructures importantes axées sur l'assainissement, le drainage, l'épuration et le transfert des eaux usées épurées vers un rejet final. D'ailleurs, le département ministériel de Hocine Necib, via l'Office national de l'assainissement (ONA) a mis en œuvre un immense projet de lutte contre la remontée des eaux dans les deux régions. En effet, cette situation avait incité le ministère concerné à étudier diverses solutions pouvant remédier à ce constat alarmant, et à lancer un programme de travaux destinés à juguler ce phénomène de remontée des eaux de la nappe. «Les études ont été entamées en 2001 et les travaux ont été lancés en 2005. La mise en service graduelle du projet a commencé à partir de 2008 pour prendre fin en 2010, marquant la réception provisoire de la totalité des lots du projet. La réception définitive a été prononcée en novembre 2013», selon les explications de M Chaibi. A cet effet, plus de 31 milliards de dinars ont été investis dans ce projet qui a touché 18 communes. La population bénéficiaire est de plus de 670 000 habitants. Le projet «Remontée des eaux de Oued Souf» est un projet cohérent qui met en œuvre une multitude d'actions. Il a permis de traiter les causes directes de la remontée et d'apporter des solutions radicales à ce phénomène qui avait des conséquences écologiques et économiques désastreuses en milieu urbain et en zones agricoles. Des résultats très encourageants ont été enregistrés. «Depuis la mise en service du projet, opérée à partir de 2009, les résultats palpables ont été enregistrés. Un rabattement drastique du niveau de la nappe phréatique à la faveur de la réalisation du drainage vertical, la régénération de la palmeraie qui dépérissait suite à submersion par le remontées des eaux salines et polluées de la nappe phréatique dans les Ghouts», selon M Chaibi. Ce projet a suscité un engouement des agriculteurs pour l'acquisition des terrains agricoles situés à proximité du canal de transfert. S. B.