Photo : S. Zoheir Par Faouzia Ababsa L'APN a repris hier ses travaux. A l'ouverture de la séance, son président, Abdelaziz Ziari, informe que l'ordre du jour portait sur l'examen de trois projets de loi : protection du consommateur et répression de la fraude, code pénal et assistance judiciaire et adoption d'un projet de communiqué de la Chambre basse en soutien à Ghaza. Il n'en fallait pas plus pour que des demandes de points d'ordre fusent des trois côtés de l'hémicycle. S'exprimant au nom du groupe parlementaire du MSP -qui brandissait de petits drapeaux palestiniens et des feuilles sur lesquelles on pouvait déchiffrer les slogans en soutien au peuple palestinien-, un élu de cette formation a rappelé au président de l'Assemblée qu'une demande d'organisation d'un débat général sur ce qui se passe à Ghaza, signée par plusieurs députés, lui a été adressée sans qu'il daigne pour autant donner suite. En fait de suite, selon ce député, il a fait adopter par le bureau de la Chambre basse un communiqué qui n'est point à la hauteur de ce qui est atten du par des élus du peuple. L'intervenant sera talonné par un des vice-président de l'APN et non moins élu du Parti des travailleurs, rappelant que la position correcte de l'Etat algérien n'est pas à la mesure de la volonté de l'expression populaire. Un élu du FLN, comme pour mettre fin à la cacophonie, lancera : «Celui qui veut soutenir les Palestiniens n'a qu'a se rendre à Ghaza et qu'il ne nous perturbe pas la séance.» Le groupe parlementaire du MSP se lève pour quitter la salle, décidant de boycotter à partir d'hier toutes les séances jusqu'à la fin de la session d'automne. Toutefois, les députés du parti de Bouguerra Soltani feront un crochet du côté de l'élu de la formation de Belkhadem pour le fustiger et le traiter de traître. Il a fallu l'intervention de la sécurité de l'APN pour calmer les esprits. Dans les coulisses, les esprits s'échauffent un peu plus et chacun y est allé de sa dénonciation, de ses critiques. Même Louisa Hanoune s'y est mise, pour rester en cohésion avec ce qu'elle avait déclaré il y a quelques jours à propos du refus d'organiser un débat général. «C'est une honte que de consacrer la séance à l'examen de lois que l'on peut ajourner pendant que les Palestiniens se font massacrer», ont déclaré les élus du MSP, du PT et d'El Islah. Ils se sont même interrogés sur le silence du président de la République, alors qu'il fut un temps l'Algérie était à l'avant-garde dans l'implication pour les causes justes. Ils ont déclaré que la position de l'Etat était correcte mais pas à la hauteur de ce qui est attendu de lui, ne serait-ce qu'en ce qui concerne les efforts pour tenter d'unifier les rangs palestiniens. Les députés ont également dénoncé l'interdiction des marches à Alger. Les slogans en soutien au peuple palestinien, dénonçant le sionisme et la traîtrise de l'Egypte, ont commencé à fuser dans les coulisses de la Chambre basse. Pendant ce temps, à l'intérieur de l'hémicycle, le communiqué de soutien à Ghaza a été lu par le chef du groupe parlementaire du FLN et adopté. Ziari dira que le texte allait être transmis au président de la République, à toutes les instances parlementaires internationales et à l'ONU. Il proposera même qu'une délégation de l'assemblée, composée d'un député de chaque groupe parlementaire, se rende à Ghaza. Il dira également que la demande d'un débat général ne repose sur aucune base juridique. Et de lancer : «Je n'aimerais pas entendre un député dénoncer la résistance de Hamas», allusion aux élus du RCD qui estiment que l'Autorité palestinienne est le parent pauvre dans cette histoire. «Ce n'est pas sérieux», a lancé Mme Hanoune qui a rappelé que même les médecins algériens ont été interdits d'entrée à Ghaza par les autorités égyptiennes. Le président de l'APN donnera par la suite la parole au ministre du Commerce, issu du MSP, pour exposer les motifs ayant présidé à l'élaboration du projet de loi relatif à la protection du consommateur et à la répression des fraudes. Les députés inscrits pour le débat du projet de texte ont tous consacré la moitié du temps qui leur était imparti à Ghaza et à la dénonciation du sionisme. Comme quoi, même en interdisant le débat général, Ziari ne pouvait pas interrompre les intervenants, sauf lorsque le temps de parole était terminé. F. A.