Abdelaziz Belaïd, le président du parti Front El Moustaqbel, a déposé hier pour validation son dossier de candidature auprès du Conseil constitutionnel. C'est la deuxième personnalité à avoir déposé le dossier comprenant les 600 signatures d'élus ou 60 000 des électeurs, auprès de l'institution que préside Mourad Medelci. Le président du FNA, Moussa Touati, était le premier candidat à avoir souscrit à cette formalité, la semaine écoulée. Dans l'attente de celles du président Bouteflika, qui devra avoir lieu à la fin du délai légal pour le dépôt fixé, soit le 4 mars prochain, et de Ali Benflis, qui compte également déposer un jour auparavant, force est de constater que les candidats ne se bousculent pas au portillon de l'institution de Ben Aknoun. Motif ? Une cascade d'annonces de boycott qui ne cessent de se renforcer depuis l'annonce de la candidature du président Bouteflika. La dernière annonce en date, vient de Sofiane Djilali de Jil Jadid, qui a fait état de son retrait de l'élection présidentielle du 17 avril. Son intention affichée il y a plus d'une semaine, vient d'être entérinée par la décision du conseil national de son parti, réuni en session spéciale, vendredi dernier. Bien que Djilali Sofiane ait collecté les 60 000 signatures et que son dossier de candidature soit prêt, il ne le déposera pas au Conseil constitutionnel, selon un communiqué de son parti, qui appelle à la mobilisation de tous ses cadres, militants et sympathisants pour participer à toutes les manifestations pacifiques de dénonciation de ce qu'il a qualifié de «coup de force». Ainsi, l'ex-futur candidat, qui était l'une des premières personnalités à faire connaître son vœu de se présenter à cette course pour la magistrature suprême, vient non seulement de jeter l'éponge, mais aussi de rejoindre d'autres leaders politiques qui prônent une conférence nationale de dialogue en impliquant l'institution militaire. Il sera suivi de Kamal Benkoussa, qui a choisi de porter à l'opinion publique sa décision à partir du cimetière d'El-Alia. Il a justifié son retrait de la course électorale par le fait qu'elle soit «jouée d'avance» et «totalement fermée». Mais curieusement aussi, Mohamed Benhamou, le président du parti El Karama, affirme que son retrait n'est pas motivé par la régularité du scrutin, mais par le soutien au président Bouteflika. Cette vague de retraits, vient se greffer sur celle des partis d'obédience islamiste, auxquels s'est joint le RCD, qui ont justifié leur décision en guise de protestation contre ce qu'ils qualifient d'«élection fermée» suite au refus qui leur a été opposé par l'administration de mettre en place une commission nationale indépendante chargée de l'organisation des élections. Le RCD estime dans ce sens, que «ce rendez-vous ne peut sortir l'Algérie de l'ornière et du chaos dans lequel elle a été durablement installée». Dans un communiqué sanctionnant les travaux du secréterait national du parti, tenus vendredi 28 février, le RCD indique en outre que «la fraude, pompeusement annoncée, est plus qu'une insulte à l'intelligence, à l'honneur et à la dignité des Algériens, c'est une imposture qui exacerbe le désespoir et le désenchantement ambiant et risque de faire basculer définitivement le pays dans une spirale infernale, propiceà toutes les manipulations et confusions». Cela étant, tout en annonçant leur décision de ne pas y prendre part, nombre de partis de l'opposition ont également lancé un appel à discréditer ces joutes électorales en laissant le Président candidat concourir seul. En tout état de cause, cette élection a fini par lézarder le camp islamiste entre partisans du boycott, à l'image des principaux leaders des partis islamistes notamment Abdallah Djaballah (FJD-El Adala), Abderrazak Makri (MSP), et ceux qui participent, dont Djahid Younsi (El Islah), qui soutient Benflis, et Benabdesslam (FAN), aux côtés de Amar Ghoul (TAJ) qui, lui, soutient la candidature de Bouteflika. Au moment où Abdelmadjid Menasra, le leader du Front du changement (Ettaghyir), tout comme le leader d'El Bina, annonce également sa participation sans que l'on sache pour quel candidat il va opter. A. R.