Le Front des Forces socialistes (FFS) a pris officiellement une position qu'on peut qualifier d'attentiste, concernant la prochaine présidentielle du 17 avril, après s'être réuni en conseil national en session extraordinaire. «Pour le FFS, participer (à la présidentielle, ndlr) est inconcevable. L'option du boycott, même si elle est respectable, ne constitue pas à elle seule une alternative», a déclaré Ahmed Bettatache, porte-parole au nom du présidium du parti de Hocine Aït Ahmed. Le FFS estime que pour éviter «l'effondrement de l'Etat et le vide politique», il reste comme solution «la reconstruction d'un consensus national autour d'un programme et d'un calendrier de transition». Cette option demeure «notre objectif majeur», lit-on dans le communiqué remis à la presse. Le conseil national du FFS est convaincu que la prochaine présidentielle «n'est qu'une formalité» qui sert au maintien d'une «République des décideurs». Le FFS, qui se projette déjà dans l'après 17 avril, considère que le scrutin présidentiel «n'est décisif que pour le système» actuel. «Le consensus national et la démocratie ne seront pas au rendez-vous au lendemain de l'élection présidentielle du 17 avril prochain», note le FFS qui ajoute que «le 18 avril prochain ne sera pas un moment de cohésion sociale malheureusement», car «le fossé entre les institutions et les citoyens ne fera que se creuser davantage et l'Etat se délite chaque jour un peu plus». Le texte qui évoque les défis qui attendent notre pays, dans un contexte national et international marqué par les bouleversements géopolitiques en cours aussi bien en Afrique qu'ailleurs, ajoute que «le prochain scrutin ne permettra certainement pas de conjurer les risques de vide politique, d'instabilité institutionnelle, de radicalisations possibles et n'effacera pas les pressions économiques, diplomatiques voire sécuritaires qui s'accentuent sur notre pays. Comme ne sera pas effacé le risque de scénarios catastrophiques comme vécus par nombre de pays dans notre aire régionale». D'où la nécessité pour le parti d'Aït Ahmed de «prendre le temps qu'il faut pour réunir les conditions de ce consensus», lit-on dans la résolution du conseil national, dont une partie a été consacrée à l'organique. Se considérant toujours cohérent dans ses choix, le FFS rappelle que ses «actions s'inscrivent dans une logique de changement pacifique». Toutefois, le FFS «ne compte toujours pas sauver le système au nom du patriotisme, mais n'oublie toujours pas le patriotisme au nom de la démocratie». Pour le Front des Forces Socialistes, toute la problématique réside dans «comment sauver le pays, consolider l'Etat, enraciner les libertés et défendre les pluralismes sans sauver le système ?». À ce propos, il considère que sa position actuelle s'inscrit dans la même lignée des «résolutions votées et adoptées par le 5e congrès du parti, et de son mot d'ordre de reconstruction d'un consensus national pour aller vers une transition démocratique et pacifique». Mais pour concrétiser cette transition, le FFS croit qu'elle n'est possible qu'avec la participation de tout un chacun et de toutes les énergies vives de l'Algérie. «Nous avons la conviction inébranlable que nous ne le construisons (le consensus, ndlr) pas seuls. La porte demeure ouverte à tous ceux qui y viendront, par delà leur position du moment», a appelé le parti qui réaffirme que «ce consensus est inéluctable» pour éviter à l'Algérie de sombrer dans le chaos, comme cela est le cas chez nos voisins égyptiens, libyens, maliens, ou encore au Soudan du Sud et en Ukraine, lit-on encore dans le même texte remis aux médias et lu aux membres du conseil national du parti. L. M.