On ne s'habille pas comme on veut. C'est le budget qui dicte la façon de faire aux citoyens, «rongés» par la dégradation du pouvoir d'achat. Une seule alternative : recourir aux stands chinois pour se vêtir à moindre coût. Un marché juteux se propage depuis quelques années à la faveur de la courbe en dents de scie en matière de salaire. Personne n'ignore que le pouvoir d'achat s'est détérioré dans notre pays. Chaque jour apporte son lot de dépenses, excédantes. Et du coup, l'équilibre budgétaire au sein du foyer est perturbé faute d'un ajustement financier et d'une révision adaptée à ses variations, mettant les parents dans des situations inextricables. En plus des traditionnelles dépenses relatives aux fêtes religieuses et à la rentrée scolaire, les poches sont sollicitées pour d'autres besoins. C'est, somme toute, logique. Les consommables : habits, médicaments... la liste est encore longue et la tentation cède sa place à l'utilité faute de quoi la spirale infernale pénaliserait les frêles rémunérations. La production chinoise reste toujours à la rescousse. Electroménagers, multimédias, textile, et friperie. Décidément rien ne les décourage pour répondre à l'appel du marché. Informel ou ...rarement formel. Les multiples souks et bazars implantés dans tout le pays en général, et au quatre coin de la wilaya de l'Est en particulier, viennent suppléer, voire assister une population en crise. Le marché chinois s'est invité en Algérie il y a quelques années via sa magie éphémère «de textile et de cuir» d'un jour et tente de satisfaire une demande nationale /locale minée par le besoin de se vêtir «à moindre coût» au dépens de la qualité. Le panorama ne se limite pas seulement dans cette furia «chiffonnière» à bas prix. Des friperies «spécialisées» naissent et offrent une autre alternative pour les consommateurs mal en point. Encore, le «label» de Pékin est omniprésent. À vrai dire, les Chinois ont vu juste en anticipant leur commerce en Algérie. Ils ont installé leurs étals selon la réglementation en vigueur nous dit on à la direction du commerce de Constantine, dans des locaux loués. L'envahissement est tel que l'on est passé à une production abondante de produits défiant tout prix de concurrence, ce qui a enterré quelque peu les produits nationaux déjà minés par la rivalité déloyale et le mauvais marketing, en attendant le retour imminent du crédit à la consommation, qui, lui, redonnerait une autre vie à la production nationale. «Les étrangers (Chinois notamment) présents à Constantine obéissent au code du travail. Les aires qu'ils occupent sont soumises à un contrôle. Il n'est autorisé à aucune personne de nationalité étrangère d'exercer un commerce sans l'aval préalable des pouvoirs publics locaux. Dans ce cas précis, c'est la direction du commerce à travers ses départements divers», rassure un ancien cadre de la DCP. Il reste difficile toutefois d'affirmer que l'informel chinois est hors compétition dans le puzzle commercial local. Les différents stands inondés hebdomadairement (pour les marchés limitrophes) ou quotidiennement laissent supposer une abondance qui donne le tournis. «Le consommateur est libre de son choix», explique notre même source. Un choix pour un coût réduit, mais au revers dangereux si l'on met en plan la dangerosité de certains tissus ne répondant à aucune norme. Notamment ceux proposés dans les friperies pèle mêle. Certains magasins s'attribuent même l'appellation de friperie de luxe jugeant leurs articles peu usités et de surcroit relevant de labels mondialement reconnus. Aussi, les produits chinois y prennent bonne place pour contrecarrer même le marché... d'occasion. Représentant un danger pour la santé publique puisqu'ils peuvent transporter des parasites, les vêtements arrachés dans ces espaces de vente semblent échapper à un bon contrôle en matière de détection de «germes». Si aux frontières, les tonnes de chiffons sont inspectées, au plan qualitatif et surtout sanitaire, l'équation est peu contrôlée faute de moyens d'analyses in situ. C'est un double aléa qui surgit. Balance économique fragilisant le tissu industriel du textile et santé publique. Qu'importe lorsque le salaire du simple fonctionnaire est soumis à rude épreuve ? «J'achète la plupart de mes habits dans les friperies et les magasins chinois. On n'a pas d'autre alternative devant la cherté de la vie. Pour mes enfants, heureusement que ce genre de souk existe, ce qui me permet de satisfaire ma progéniture à moindre prix», avoue un père de famille à la bourse frôlant le salaire minimum garanti. Une aubaine pour les importateurs. Et un malheur pour la relance des industries malgré les étapes de réanimation franchies et assurées par l'Etat jusque là. Il existe même des cadres qui prisent «les stocks américains» pour s'y approvisionner. Le pouvoir d'achat en berne «sourit» aux importateurs qui amassent des devises. En revanche, il pénalise des citoyens en les contraignant à porter des articles hétéroclites chinois au prix abordable, fourni sans garantie sanitaire. N. H.