Mohamed Rahmani L'euro, le dollar et le dinar tunisien flambent ces derniers temps à Annaba, atteignant des taux de change jamais égalés jusque-là. En effet pour 100 euros, ce sont 15 350 DA qui sont déboursés, les 100 dollars américains sont cédés à 11 000 DA et pour les 100 dinars tunisiens on exige 6 900 DA. Une flambée qui se maintient puisqu'elle est entretenue par la spéculation qui fait rage dans les milieux du change parallèle. La rue Ibn Khaldoun ex-Gambetta à Annaba étant la plaque tournante de ce trafic, les cambistes clandestins qui y sont installés fixent eux-mêmes les taux de change et exercent un véritable monopole sur l'achat et la vente des devises. Grosses liasses de billets de 1 000 et 2 000 DA en main, ils proposent aux passants ou aux clients potentiels le change sous l'œil impassible des policiers en faction. «A l'achat, nous proposons pour l'euro 15 100 DA pour 100 euros, nous revendons à 15 350 DA, ce qui nous fait un bénéfice de 250 DA pour 100 euros, avant, c'est-à-dire il y a près de 2 mois, cette devise faisait entre 14 600 et 14 800 DA pour 100 euros, mais ces derniers temps il y a eu une flambée», nous dit Azzou, un cambiste sur le trottoir juste en face du marché couvert. Pour Tarek, un autre cambiste clandestin, l'euro et le dollar américain se font rares du fait d'une demande qui a explosé, particulièrement entre février et mars. «Avant j'arrivais à écouler difficilement 400 à 500 euros par jour et près de 300 dollars, pour le dinar tunisien la demande augmente sensiblement pendant les vacances, et c'est la même chose chez les autres revendeurs de devises, les montants qui circulaient ont été achetés soit par des particuliers soit par des cambistes clandestins d'autres villes, ce qui fait qu'il est très difficile aujourd'hui de trouver sur le marché 1 000 euros chez un seul cambiste. Cette demande vient du fait que certains, craignant des troubles à venir, assurent leurs arrières en achetant des devises à n'importe quel prix», nous confie-t-il. La rareté de la devise sur le marché parallèle s'explique aussi par le fait que la communauté émigrée en Europe qui alimente le marché parallèle ne «rapatrie» plus suffisamment comme avant et préfère effectuer le change sur place, c'est à dire pour la somme versée en dinars en Algérie, le touriste se déplaçant en Europe trouve l'équivalent en euros de l'autre côté de la Méditerranée. Cela s'explique aussi par l'achat de grosses sommes par les importateurs, qui payent des cambistes pour collecter les sommes dont ils ont besoin pour faire marcher leurs affaires. Aujourd'hui, à Annaba on ne trouve presque plus d'euros ou de dollars sur le marché parallèle à moins de les payer au prix fort. M. R.