Lors d'une conférence sur le changement climatique dont le thème était «Quel défi pour les ressources en eau ?», organisée jeudi dernier à Alger, par le MRE avec le concours de l'organisme de coopération Allemand GTZ, selon Rachid Taïbi, conseiller au ministère des Ressources en eau (MRE), qui est intervenu, dans les modèles globaux pour la région, l'Algérie n'est pas épargnée par les effets du changement climatique. Le pays va se trouver face à une plus grande variété des précipitations et une augmentation des événements climatiques extrêmes, indiquera-t-il. En d'autres termes, «l'Algérie, à l'instar d'autres de la rive sud de la Méditerranée, est à la veille de connaître de sérieux bouleversements climatiques. Ces changements auront comme impact sur l'Algérie une baisse des précipitations, l'accentuation des phénomènes extrêmes comme la sécheresse et des pluies torrentielles avec pour conséquences des inondations», a-t-il ajouté. Toujours à propos d'impact négatif, un autre intervenant a fortement insisté sur la réalité et le sérieux du danger de la désertification qui menace les Hauts-Plateaux qui devraient, selon lui, bénéficier de programmes spéciaux de reboisement d'envergure à l'image de celui du Barrage vert. C'est dire l'urgence de prendre des décisions qui puissent, si ce n'est mettre le pays à l'abri des catastrophes naturelles, tout au moins en amoindrir l'impact et les effets. Dans cette perspective, les participants à la conférence ont pris connaissance des liens spécifiques entre le changement climatique et les ressources en eau ainsi que de la vulnérabilité spécifique de l'Algérie. Notons également qu'ils ont été informés des connaissances pratiques en matière d'adaptation au changement climatique à travers des études de cas dans la région, notamment les facteurs de réussite et les leçons à tirer. Dans cet ordre d'idées, il y a lieu de rappeler que le ministère de Ressources en eau a commencé à se pencher sérieusement sur la problématique du changement climatique. Cette institution s'est vue impliquée dans la mise en œuvre de 18 projets sur un total de 73. Cinq des 25 actions phares du PNC relèvent de l'axe «Eau». Il faut dire que l'Etat n'a pas attendu la mise en garde de l'Organisation mondiale de la météorologie pour passer à l'action, puisque cela fait plus d'une décennie que le pays se prépare aux défis du changement climatique. En effet, le MRE a répondu à ces défis en diversifiant la gestion de l'eau. Parmi les mesures d'adaptation au changement climatique déjà en place, on citera le dessalement de l'eau de mer, la récupération des eaux usées ainsi que l'utilisation des techniques optimales d'irrigation. On peut également ajouter la gestion intégrée des bassins versants et l'estimation de l'intensité et des durées des épisodes pluvieux, des inondations et des sécheresses. Dans ce même chapitre, il y a lieu de rappeler qu'un programme d'investissements dans le secteur des ressources en eau a été exécuté jusqu'ici. L'Etat a investi plus de 32 000 milliards de dinars (près de 40 milliards de dollars) pour la réalisation de barrages, transferts régionaux, interconnexions de barrages et création de plusieurs centrales de dessalement de l'eau de mer. Toujours dans le souci de préserver la ressource en eau, un grand programme d'infrastructures de distribution et aussi un méga programme d'assainissement portant sur l'extension du réseau d'assainissement et la réalisation d'un grand nombre de stations d'épuration a été mis en exécution. Cette politique a donné ses fruits. On peut citer, à titre d'exemple, la dotation en eau potable de la population qui est passée de 120 litres/jour par habitant à 175 litres à partir de 2013. Le taux de raccordement en eau potable est passé de 78% au début des années 2000 à 96% à partir de 2013 et pourrait atteindre les 98% d'ici la fin 2014. Le réseau d'eau potable a pratiquement doublé pour passer à plus de 110 000 km aujourd'hui. Dans le domaine de l'assainissement, le réseau a aussi nettement évolué, il est aujourd'hui à plus de 45 000 km et le taux de raccordement a atteint 88%. Les stations d'épuration, qui se comptaient sur les doigts des mains par le passé, étaient mal gérées et souvent à l'arrêt en raison de l'absence d'une stratégie managériale efficace, sont désormais considérées comme des infrastructures stratégiques dans la nouvelle politique de l'eau. On compte aujourd'hui 150 stations d'épuration en service, et qui sont toutes certifiées ISO. Selon le MRE, la mise en oeuvre du programme quinquennal 2010-2014 va permettre au pays de disposer d'environ 180 stations d'épuration avec une capacité 1,2 milliard de mètres cubes d'épuration par an. En définitive, on peut dire qu'avec tout ce qui été réalisé dans le secteur des ressources en eau et les futurs grands projets en perspective, l'Algérie devrait pouvoir faire face au changement climatique qui s'annonce. Du moins dans un futur proche, selon les experts en production hydraulique. Z. A. 96 barrages et transfert de l'eau du Sahara en projet Les ressources hydriques disponibles et mobilisables en Algérie sont estimées à 17,2 milliards de m3, dont 12 milliards de ressources superficielles et 2 milliards de ressources souterraines dans le Nord et 5,2 milliards de m3 dans le Sud (superficielles et souterraines). Il a été lancé des études pour le transfert de 600 millions de m3 par an à partir du nord Sahara vers les Hauts-Plateaux, notamment pour développer l'agriculture et améliorer la distribution d'eau potable. Par ailleurs, et selon le MRE, une dizaine de nouveaux barrages seront réceptionnés d'ici la fin 2015. Rappelons enfin que l'Algérie a entamé depuis 2004 un programme de construction de quinze stations de dessalement d'eau de mer d'une capacité totale de 2,3 millions de m3, les deux tiers sont opérationnelles actuellement. Quand à l'irrigation les résultats, entre grands et petits périmètres irrigués, sont de l'ordre 1,1 million d'hectares. L'objectif est d'atteindre au moins 1, 6 million d'hectares durant le prochain quinquennat. Ce qui est tout à fait réalisable dans la mesure où avec le dessalement de l'eau de mer il sera possible de dédier les eaux des barrages et les eaux souterraines en grande partie à l'agriculture.