Jamais une échéance présidentielle n'a suscité autant de passions, autant de divisions et paradoxalement autant de convergences autour d'un consensus qui n'est pas incarné par un candidat mais par un programme. Par le passé et depuis 1995, on parlait du candidat du consensus qui fait l'unanimité tant au sein du système qu'au sein d'une partie de la classe politique et des organisations de masse qui évoluent à la périphérie du système. L'échéance d'avril prochain ne ressemble en rien aux précédentes, du moins dans son énoncé. L'état de santé du président candidat a fait éclater le consensus traditionnel et ouvert la voie à un débat sur le devenir national dans un contexte interne tendu et régional instable. Les déclarations de Saâdani sur le rôle du DRS sur la scène politique et médiatique ont, malgré le SG du FLN, balisé le débat sur le nécessaire, voire vital changement institutionnel afin, d'une part, de répondre aux attentes citoyennes en termes de praxis démocratique et, d'autre part, de préserver l'Etat et sa crédibilité. Cette situation inédite, a créé une convergence autour d'un objectif consensuel qu'est une période de transition vers un Etat démocratique et sans tutelle sur la nation et sur son destin. Après Hamrouche, le FFS, le front du boycott, Benflis, Zeroual, le mouvement Barakat...etc. c'est au tour de Belkhadem d'évoquer cette nécessité incontournable. Le mandat présidentiel 2014-2019 «sera celui de la transition pour passer d'une étape à une autre, d'une génération à une autre», a déclaré, hier, Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat, conseiller particulier de Bouteflika. Belkhadem a ajouté que «quel que soit le président qui sera élu le 17 avril prochain, une révision profonde de la Constitution est nécessaire. Elle doit conforter la séparation et l'équilibrage des pouvoirs, en donnant plus de prérogatives à l'Assemblée populaire nationale, qui doit être le reflet d'un gouvernement issu de la majorité parlementaire». Si un consensus est établi sur une période de transition vers la démocratie, la manière d'y parvenir ne fait pas en revanche l'unanimité. Pour les partisans de Bouteflika, le changement doit s'opérer dans le respect des échéances électorales et dans le cadre des institutions élues. Pour les détracteurs du 4e mandat, le rendez-vous du 17 avril est tranché à l'avance et rien ne garantit la transparence des urnes, encore moins le respect des engagements annoncés puisque cette période de transition devait s'ouvrir après le discours d'avril 2011 où le Président avait promis la révision de la Constitution avant la présidentielle de 2014. Hier, la campagne électorale a débuté entre six prétendants qui promettent monts et merveilles comme à chaque échéance électorale. En parallèle, la dynamique de changement semble trouver un terreau favorable au sein des populations qui, à travers tous le pays, veulent rompre avec un mode de gouvernance obsolète et abortif. Le système a atteint ses limites au point d'étouffer un potentiel juvénile en effervescence mais soucieux de préserver l'Algérie de dérapages à risque. A. G.