Instruire un enfant n'est pas chose facile. Il faut tout un village pour bien élever un petit, souligne justement un proverbe africain. En effet, la famille, les proches, la crèche, l'école et l'environnement social immédiat ont chacun un rôle indispensable à jouer pour l'assister et l'accompagner vers sa propre émancipation. Quand on parle d'éducation culturelle, d'initiation aux arts et aux belles choses de la vie, tous ces acteurs ont une contribution -une dette, sommes-nous tentés de dire- envers l'enfance. Aujourd'hui, les parents, complètement dépassés par leurs soucis quotidiens, n'accordent pas beaucoup d'importance à cette mission essentielle. Ils sont très peu à être vraiment à leur écoute, à leur apprendre les rudiments de la bienséance et de la correction, à leur raconter des contes et des histoires pour illustrer leur propos, à sortir avec eux en promenade pour leur inculquer les bonnes manières, à leur procurer de beaux livres pour les initier à la lecture, à les accompagner voire un spectacle ou un concert. En guise de distraction, les petits regardent beaucoup la télévision et abusent de jeux vidéo. Un excès qui s'avère souvent contreproductif sur le plan comportemental. Les proches sont pareillement absorbés pour s'intéresser de près à ce qui se passe dans la tête de leur descendance. La crèche, pour ceux qui en ont les moyens, offre une espèce de bouffée d'oxygène en permettant aux bambins se rencontrer, d'improviser des jeux collectifs, d'apprendre à s'exprimer. C'est pourquoi, il convient d'améliorer constamment la qualité de leur prise en charge à ce niveau à travers la formation et le recyclage des éducateurs ainsi que l'enrichissement constant des programmes pédagogique et d'animation. Une fois à l'école, les gamins se plaignent unanimement de la surcharge des programmes scolaires. Ils se disent surmenés. Le peu d'intérêt accordé à l'animation culturelle et aux activités sportives dans le système scolaire justifie en partie cette lassitude. Ces dernières années, le ministère de tutelle insiste beaucoup sur ce point, mais sur le terrain les choses n'évoluent pas vite. Souvent, les enseignants d'éducation culturelle et sportive ne sont pas spécialement formés et la plage horaire accordée dans ce sens reste négligeable. Une séance hebdomadaire, d'une ou de deux heures, est manifestement insuffisante pour décompresser et évacuer la charge cumulée durant une semaine de travail. Idem pour le CEM et le lycée. Concernant l'environnement social, on note également un manque d'activités spécialement dédiées aux enfants au niveau des établissements culturels publics, des jardins et des parcs de loisirs. Dans certaines grandes villes, des centres culturels ou des associations offrent, parfois des ateliers (dessin, chant, théâtre...), mais le nombre de places disponibles est souvent restreint. Cette offre circonscrite généralement au chef-lieu de wilaya ne profite finalement qu'à une infime minorité. En somme, les petits enfants se gavent de dessins animés, de jeux vidéo ou d'Internet. Il s'agit d'un grand problème que l'on doit absolument prendre en charge. L'enfant aujourd'hui se trouve gravement exposé aux dangers de la Toile et de la télévision. Il faut absolument faire quelque chose... La violence, le tabagisme et l'incivisme, qui gangrènent aujourd'hui les milieux scolaires et juvéniles, témoignent d'un malaise et d'un traumatisme profond. La question est évidemment très grave pour mériter l'intérêt de tout le monde à commencer par la famille, l'école, les établissements culturels et le mouvement associatif. K. A.