Malik Boumati C'est après un long retard que le candidat à la présidentielle du 17 avril, Ali Benflis, a entamé son meeting électoral dans la grande salle de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Un meeting qu'il a animé en présence d'au moins quatre anciens ministres parmi ses soutiens, en l'occurrence Kamel Bouchama, Aziz Derouaz, Abdelaziz Rahabi et Abdeslam Ali Rachedi. Dans une salle archicomble, l'ancien chef du gouvernement a produit un discours spécialement taillé à la wilaya de Tizi Ouzou dans la mesure où il l'a divisé en deux parties essentielles; les hommages et la question de l'amazighité. Une longue partie a effectivement été consacrée aux différentes personnalités de la région parmi les leaders de la Révolution morts et vivants et les intellectuels et artistes engagés, déclarant son affection pêle-mêle à Krim, Abane, Matoub, Aït Ahmed, Mohand Oulhadj, Iazouren, Aït Menguellet, Amirouche, Mammeri, Arkoun entre autres. Visiblement le candidat veut ratisser large parmi l'électorat de la région de Kabylie dont il a loué le courage et la bravoure. «Argaz» et des «Hommes libres» ont été les leitmotivs de Ali Benflis qui tentait un rapprochement entre les Kabyles et les Chaouis connus pour leur engagement dans le déclenchement de la lutte armée contre le colonialisme. A le croire, le chahid Benboulaïd n'a accepté de lancer la Révolution dans les Aurès qu'après avoir été assuré par Krim Belkacem de l'engagement de la Kabylie. «Ils en veulent à votre région parce que vous n'avez jamais courbé l'échine devant les puissants», a lancé Benflis en rappelant le combat démocratique mené par la région au lendemain de l'Indépendance et les années quatre-vingt. A noter qu'à aucun moment l'animateur du meeting n'a cité les événements de 2001 qui ont coûté la vie à plus d'une centaine de jeunes de Kabylie et durant lesquels il était chef du gouvernement. Le candidat à la magistrature suprême évoquera ensuite la question identitaire en usant d'un langage populaire dans l'objectif de séduire l'assistance. «Vous voulez comme nous vivre votre amazighité comme vous l'entendez. On ne peut pas imposer une identité à quelqu'un», a affirmé Ali Benflis sous les applaudissements, ajoutant que l'on «ne peut pas venir du ciel et dire à quelqu'un qu'il est tel ou tel. C'est à moi de dire ce que je suis». Il prononcera quelques phrases en chaoui pour encore enflammer une assistance acquise, avant de passer à la question amazighe pour laquelle il a pris certains engagements. «C'est moi qui réglerai le problème de Tamazight», a-t-il lancé, indiquant qu'il allait «accorder à cette langue sa place réelle». Il s'engagera à créer des écoles régionales chargées de former les enseignants de Tamazight et à travailler dans le sens de son développement et sa promotion. Mais tous attendaient Benflis sur la question de la constitutionnalisation du caractère officiel de cette langue et le candidat n'en dira rien. En dehors de ces deux points, le candidat Ali Benflis paraissait offensif dans son discours, que ce soit en évoquant son «projet de renouveau national» ou ses critiques à l'égard des dirigeants actuels qu'il ne citera à aucun moment. Pour lui, «le président de la République doit avoir des contre-pouvoirs pour qu'il ne puisse pas faire ce qu'il veut», citant un Parlement démocratiquement élu avec un pouvoir d'enquête, une justice indépendante qui n'obéit pas aux ordres, une presse libre et une opposition forte qui doit être respectée. «Pour bâtir une société des libertés, je vais libérer la presse, la justice, le Parlement. Je vais libérer le peuple. Je m'y engage», a-t-il encore affirmé précisant qu'il fera en sorte que «le gouvernement soit responsable devant le Parlement qui est élu par le peuple, et non l'inverse». M. B.